Bitcoin : Les prédictions chocs de River

La plateforme d’échange River a publié un rapport très intéressant sur le bitcoin. Nous sommes au tout début d’un rythme d’adoption similaire à celui d’internet.

Bitcoin vs Internet

Le monde adopte le bitcoin plus rapidement que n’importe quel autre actif, malgré les turbulences actuelles du marché crypto. Voici une série de données rassemblées par River pour comprendre que nous n’en sommes qu’aux balbutiements.

Par exemple, le nombre de compagnies cotées en bourse ayant adopté le bitcoin reste inférieur à 1 %. Le S&P 500 et le NASDAQ comptent respectivement seulement 2 et 3 compagnies ayant fait du bitcoin leur principal actif de trésorerie.

On estime que 18 pays détiennent du bitcoin. La plupart en obtiennent en minant. C’est le cas du Bhoutan, du Salvador, de l’Iran, d’Oman ou encore de l’Éthiopie. D’autres les ont obtenus via des saisies dans des affaires criminelles (Chine, USA, UK). Certains comme les Émirats arabes unis en achètent directement.

« Compte tenu de l’incertitude géopolitique accrue et de la tendance mondiale à délaisser les bons du Trésor américain comme actifs de réserve, il est possible qu’au moins un pays du G20 annonce détenir des bitcoins à des fins stratégiques au cours des quatre prochaines années », estime River.

« Si le dollar reste la monnaie de réserve mondiale incontestée […], des pays comme la Russie ont commencé à utiliser des monnaies alternatives, dont le bitcoin, pour le commerce international ».

En définitive, beaucoup va dépendre des États-Unis où la Sénatrice Cynthia Lummis est à pied d’œuvre pour convaincre le Congrès d’acheter entre un et cinq millions de BTC… River estime toutefois que la probabilité d’un tel scénario est « faible ».

River estime en revanche qu’il est probable que le Congrès vote en faveur d’une exemption de la taxe sur les plus-values pour les petits paiements de moins de 200 $.

Nous verrons bien si Donald Trump prend le risque d’acheter entre 5 % et 20 % des bitcoins en vue d’effacer une partie de la dette d’ici à quelques années.

Le meilleur est à venir

D’après River, l’adoption du bitcoin est à seulement « 3 % de son plein potentiel ». Trois indicateurs principaux permettent d’arriver à ce chiffre :

• Les 225 000 milliards de dollars encore alloués à des actifs que le bitcoin pourraient remplacer. Notamment l’or, l’immobilier de prestige, l’Art, le cash, etc. River estime que le bitcoin pourrait siphonner 25 % de la richesse actuellement investie dans d’autres actifs.

• Le sous-investissement des fonds d’investissement. Les 128 000 milliards de dollars gérés par des investisseurs américains professionnels ne sont alloués qu’à 0.0006 % dans le bitcoin. La bourse se taille toujours la part du lion avec 53 %, suivie des obligations d’entreprises (12.5 %) et d’États (10 %).
• Moins de 4 % de la population mondiale détient des BTC. C’est 14 % aux États-Unis, 6.6 % en Amérique du Sud et seulement 3.4 % en Europe.

Le potentiel haussier reste immense…

À long terme, River s’attend à ce qu’un seul bitcoin vaille plusieurs dizaines de millions de dollars et qu’il remplace le dollar en tant que monnaie de réserve internationale. Un avis partagé par votre serviteur.

Bitcoin vs Gold & Dollar

Le rapport souligne qu’en 2024, grâce au « halving », le bitcoin est devenu plus difficile à obtenir que l’or !

Le halving fait référence à la partie du protocole qui, tous les quatre ans, divise par deux le rythme d’émission des BTC. Il s’en créait environ 900 par jour avant avril 2024, contre 450 aujourd’hui.

Pendant ce temps, la quantité de dollars en circulation a augmenté de 3.7 % (C’est plutôt 7 % en moyenne). Cette hausse a été de 2 % pour l’or en 2024 et seulement de 0,85 % pour le bitcoin.

Si bien qu’après 18 années d’existence, plus de 94 % des 21 millions de bitcoins ont déjà été émis. Il y a précisément 19.82 millions de BTC en circulation au moment d’écrire ces lignes.

Ces bitcoins sont essentiellement détenus par des particuliers (70 %). Viennent ensuite les ETF comme celui de BlackRock avec 6 % des BTC. Les sociétés telles que Strategy (anciennement MicroStrategy) en détiennent 4.4 % et c’est 1.4 % pour les États. On estime que près de 10 % des BTC sont perdus à tout jamais.

Ces chiffres pourraient fortement évoluer en 2025 si les États-Unis décident effectivement d’acheter 20 % des BTC comme le préconise Michael Saylor. Wait and see…

Comment a évolué le réseau, techniquement ?

Concernant le protocole, 115 développeurs ont bichonné le code de manière active au cours de l’année passée. Ils ont fait plus de 2 500 propositions visant à modifier le code et c’est en tout 276 000 lignes de code qui ont été retouchées.

Treize mécènes financent ces développeurs, dont trois nouveaux arrivés en 2024. Bonne nouvelle pour la décentralisation du réseau. Notons par exemple Blockstream, Brink, Spiral, etc.

L’année 2024 a été marquée par de nombreuses propositions visant à modifier le protocole. Toutefois, l’irruption des « inscriptions » (Ordinal, BTC-20, etc.) a gelé plusieurs initiatives en raison des désaccords qu’elles ont provoqués au sein de la communauté.

Tant que les développeurs et la communauté au sens large n’auront pas trouvé de consensus, la probabilité, le calendrier et la mise en œuvre des changements proposés resteront incertains.

La plupart des propositions visent à augmenter le nombre de personnes pouvant prendre possession de leurs bitcoins. Sauf que les chiffres montrent que ce n’est absolument pas une priorité, d’où le statu quo.

Not your keys, not your coins !

Décentralisation du Bitcoin

La décentralisation repose sur un réseau de nœuds et de mineurs. Les premiers étaient au nombre de 21 700 à la fin de l’année 2024, soit une hausse de 11 % d’une année sur l’autre.

Bitcoin Core est la version du protocole installée par 98 % des nœuds. L’un des clients concurrents est « Knot ». Son récent succès tient au fait que ses « filtres » ont été mis à jour pour empêcher les inscriptions d’images et autres données arbitraires indésirables dans la blockchain. Ce fut LE drama de 2024…

La décentralisation des mineurs est également en hausse. Alors qu’ils se trouvaient essentiellement en Chine il y a quelques années à peine, nous en trouvons désormais beaucoup aux États-Unis (36 %), en Russie (16 %), aux Émirats arabes unis (3.75 %) ou encore au Paraguay (3 %). L’Empire du Milieu est à présent en troisième position avec 14 % du hashrate.

La puissance de calcul du réseau augmente en moyenne de 107 % par an depuis 2016. Ce fut +55 % en 2024. Nous sommes tout proches des 800 exahash ! Dit autrement, les mineurs réalisent 800 milliards de milliards de calculs par seconde.

Tout cela étant dit, seulement 9 pays ont plus de 1 % du hashrate et à peine 28 pays en ont plus de 0.1 %. Enfin, notons que la part du hashrate géré par des compagnies cotées en bourse a augmenté de 11 %, passant à 35.2 %.

Autre donnée plus importante encore : la concentration des pools. Il y a du mieux puisque la part des trois plus grandes pools a diminué. Elle reste toutefois très inconfortablement supérieure à 60 %.

La concentration des pools est une menace parce que ce sont elles qui choisissent les transactions qui vont dans les blocs. Le risque étant que certaines transactions soient censurées. Cela est déjà arrivé.

Le rapport de River parle également d’autres sujets comme la croissance du Lightning Network. À ce sujet, ne manquez pas notre article Bitcoin : ce réseau qui change tout.