Bitcoin : Les pertes à court terme n’effraient pas les anciens

Le bitcoin navigue actuellement dans des eaux troubles. Sous la barre symbolique des 90 000 $, le paysage se teinte de rouge pour les détenteurs récents, tandis que les vétérans de la crypto gardent le cap. Entre corrections techniques et accumulation discrète des institutions, le marché dessine une carte complexe : celle d’un équilibre fragile entre pertes latentes et confiance tenace. Plongée dans les méandres d’un actif qui refuse de céder au fatalisme, malgré les tempêtes.

Analyse des pertes non réalisées : le miroir d’un marché en tension

Le concept de pertes non réalisées agit comme un révélateur des tensions sous-jacentes. Ces pertes, calculées entre le prix d’acquisition moyen et la valorisation actuelle, reflètent l’état psychologique du marché. Et cela, tandis que Robert Kiyosaki prédit un bitcoin à un million de dollars d’ici 2035.

Les données de Glassnode montrent que les détenteurs à court terme — ceux ayant acheté lors des derniers sommets — sont englués dans un marasme. Leur coût moyen d’entrée dépasse souvent les 80 000 $, les exposant directement à la volatilité actuelle.

Pourtant, cette phase ne ressemble pas aux krachs historiques. Les corrections récentes, bien que répétées, manquent de la brutalité des cycles précédents. En 2018 ou 2021, les chutes dépassaient régulièrement les 50 %, balayant même les portefeuilles les plus solides.

Aujourd’hui, le drawdown reste contenu, oscillant autour de 20 %. Une résistance qui interroge : le marché actuel est-il une simple pause technique ou l’amorce d’un renversement plus profond ?  

Les détenteurs à long terme, eux, respirent encore. Leur coût d’acquisition, souvent inférieur à 30 000 $, les protège des turbulences. Mais attention : l’érosion progressive des prix pourrait fissurer leur bouclier.

Si le bitcoin venait à tester les 60 000 $, même les plus endurcis verraient leurs bénéfices s’évaporer. Un équilibre précaire, où chaque mouvement de prix résonne comme un avertissement. 

Le bitcoin résiste : la rentabilité persiste malgré les nuages

Malgré les apparences, le bitcoin n’a pas perdu son lustre. Près de 75 % des adresses détentrices affichent toujours des bénéfices, selon Glassnode. Un chiffre qui souligne une réalité souvent occultée : la majorité des investisseurs reste gagnante sur la durée. Les « HODLers », ces irréductibles accumulant depuis des années, incarnent cette résilience. Leur stratégie ? Ignorer le bruit médiatique et miser sur les cycles historiques.

Les institutions, elles aussi, jouent les trouble-fêtes. Alors que les petits porteurs paniquent, BlackRock et consorts accaparent les BTC à prix réduit. Leur logique est implacable : chaque creux devient une opportunité. 

En avril, les ETF Bitcoin ont ainsi enregistré des entrées nettes de 420 millions $, malgré les ventes de certains concurrents. Une divergence qui rappelle une règle d’or : dans la cryptosphère, les « smart money » achètent quand les autres doutent.

Même les baleines — ces détenteurs de plus de 1 000 BTC — refusent de céder. Leur activité réseau, en hausse de 18 % depuis janvier, signale une accumulation agressive. Un comportement typique des phases de consolidation, où les acteurs influents préparent le terrain pour la prochaine ascension.

Le bloc emblématique 666 666, miné récemment, symbolise presque cette opiniâtreté : un clin d’œil aux passionnés, convaincus que le bitcoin transcende les cycles. 

Détenteurs de BTC : le grand écart entre temporalités 

Ici réside le paradoxe : le bitcoin récompense la patience, mais pénalise l’imprudence. Les nouveaux venus, attirés par les promesses de gains rapides, subissent de plein fouet les ajustements. Leur erreur ? Avoir sous-estimé la volatilité structurelle de l’actif.

Les pertes à court terme, bien que douloureuses, s’inscrivent pourtant dans une normalité historique. Depuis 2010, le bitcoin a connu 15 corrections dépassant 30 %… avant de toujours retrouver des sommets.

Les détenteurs aguerris l’ont compris : le temps est leur allié. En étirant leur horizon d’investissement, ils neutralisent les à-coups. La clé ? Une discipline de fer. Vendre lors des creux revient à cristalliser des pertes ; attendre, malgré l’inconfort, permet de capturer les tendances majeures. Cette philosophie explique pourquoi 62 % du supply n’a pas bougé depuis plus d’un an — un record.

Sous les 90 000 $, le bitcoin incarne une dualité fascinante. D’un côté, des pertes latentes qui pèsent sur les esprits ; de l’autre, une foi inébranlable dans sa trajectoire séculaire. Les données le confirment : les cycles passés ont toujours vu l’actif renaître de ses cendres. Pour les investisseurs, la leçon est claire : dans cette danse entre craintes et opportunités, le temps reste le meilleur allié. Le marché baissier actuel n’est peut-être qu’une respiration — une étape vers de nouveaux sommets. Et si, dans cette accalmie, la domination du bitcoin chutait à 40 % ? Un tel scénario ouvrirait sans doute un nouveau chapitre, potentiellement favorable aux altcoins.