Bitcoin, le plan B de Donald Trump (1/2)
Le bitcoin est le plan B de Donald Trump s’il ne parvient pas à persuader les BRICS de cesser leur fronde contre le dollar.
Guerre économique
Donald Trump a fait deux annonces fortes pendant sa campagne. La menace d’une taxe douanière punitive pour les pays qui prennent leurs distances vis-à-vis du dollar et la création d’une réserve stratégique de bitcoins.
Les républicains semblent s’imaginer que les taxes douanières feront magiquement sortir une industrie de terre. Le résultat sera plus probablement de l’inflation doublée d’une récession économique. En sachant que les États-Unis ont déjà de gros problèmes d’inflation.
Ils sont par ailleurs massivement endettés auprès du reste du monde. Cette capacité à s’endetter tient en bonne partie au fait que les nations du monde entier placent leurs excédents commerciaux dans la dette américaine. Or, une restriction des échanges commerciaux via des droits de douane restreindra également la facilité avec laquelle les États-Unis parviennent à s’endetter.
Donald Trump joue un jeu dangereux, mais ses menaces sont le symptôme d’un problème bien réel : la mondialisation s’est faite au prix d’une désindustrialisation et d’énormes déséquilibres commerciaux qu’il faudra bien résorber.
Le pari initial était que nous réussirions à maintenir une avance technologique. Les ingénieurs et scientifiques occidentaux innoveraient pendant que les ouvriers du reste du monde fabriqueraient. Pari perdu puisque la Chine diplôme désormais plus d’ingénieurs que le reste du monde combiné.
Il est vrai que la Chine importe chaque année pour plusieurs centaines de milliards de microprocesseurs et que le CEO d’ASML estime avoir 15 ans d’avance dans le domaine. Mais quand bien même, l’ardoise commence à piquer et le retour de bâton se rapproche à grands pas.
Du Troc aux déficits
Il ne pouvait y avoir de déséquilibres à l’époque (probablement mythique) du troc international. Le vin était remis, le coton reçu, et vice versa. Cependant, un commerçant international ne trouvait pas forcément à l’étranger des marchandises pouvant faire l’objet d’un troc. D’où l’émergence de l’argent en même temps que les déséquilibres commerciaux.
Dans le cadre de l’étalon-or, le pays en déficit expédie de l’or en échange des marchandises. Le commerce cesse lorsqu’il n’y a plus d’or, ce qui force le pays déficitaire à résorber son déficit commercial, d’une manière ou d’une autre.
Aujourd’hui, le système monétaire international est dominé par le dollar qui offre aux États-Unis le privilège de payer leurs importations avec ce qui n’est rien d’autre qu’une reconnaissance de dette. Et cela, insistons dessus, parce que les pays excédentaires acceptent (un couteau sous la gorge) de placer leurs réserves quasiment exclusivement dans la dette américaine.
Cet argent qui revient au bercail supporte artificiellement le dollar et permet aux États-Unis d’importer plus qu’ils n’exportent. C’est le fameux privilège exorbitant : pouvoir afficher un déficit commercial chronique sans que le billet vert se déprécie.
En somme, une bonne partie du niveau de vie des Américains dépend de leur capacité à changer des bons du Trésor (des reconnaissances de dette) contre des biens tangibles.
L’effondrement des accords de Bretton Woods
Le dollar s’est imposé comme la monnaie internationale au sortir de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les États-Unis étaient les créanciers du monde. Ce n’est plus vrai du tout. La dette publique américaine représente près d’un tiers de la dette publique mondiale ! Cette facilité à s’endetter se reflète dans le déficit commercial et la désindustrialisation du pays.
Peut-être les choses se seraient-elles passées différemment si les délégués américains avaient accepté la solution de John Maynard Keynes à Bretton Woods (1944). Mais il n’en fut rien. On décida à la place de rattacher le dollar à l’or au taux fixe de 35 $ l’once et d’en faire la monnaie pivot internationale.
Les monnaies étaient donc en théorie rattachées à l’or, mais uniquement par l’intermédiaire du dollar. Pourquoi ne pas commercer directement en or ? Parce qu’il est un piètre moyen de paiement, contrairement au bitcoin…
Le système actuel est né de l’effondrement inévitable de l’étalon-or à cause de la tentation de faire tourner la planche à billets pour financer les importations. Le déficit commercial des États-Unis devint la règle à partir de la guerre du Vietnam, ce qui énerva la France qui envoya dès 1971 un navire de la marine française à New York pour rapatrier de l’or.
Se rendant compte que les États-Unis n’avaient pas assez d’or, Richard Nixon suspendit la convertibilité du dollar. Son Secrétaire au Trésor John Connely aura cette fameuse réplique face à une délégation européenne révoltée : « Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème ».
Depuis, le dollar est devenu une monnaie purement fiduciaire (« fiat »), c’est-à-dire une monnaie soutenue par la seule crédibilité de l’État qui l’émet. L’Europe aurait dû abandonner le dollar, mais il n’en fut rien, pour trois raisons :
- La puissance économique des États-Unis (40 % du PIB mondial en 1965) et l’absence d’alternative crédible.
- Le pétrodollar. Dès 1975, Washington force les pétromonarchies de l’OPEP à vendre leur pétrole exclusivement en dollar.
Libérée de la contrainte de l’étalon-or, l’Amérique s’est endettée sans vergogne. Mais toutes les bonnes choses ont une fin…
Rendez-vous sur la seconde et dernière partie de ce papier ICI.
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