Bitcoin, le joker des énergéticiens
Peu l’ont vu venir, mais le bitcoin se trouve être un atout précieux pour les énergéticiens en proie à une coûteuse transition énergétique.
Le spectre du Blackout
La crainte des coupures d’électricité a refait surface en raison des limites des capacités européennes de stockage de gaz. Ces stocks se vidant certaines années à plus de 80 %, un hiver rude aurait pu mal tourner au vu du contexte actuel.
C’est ainsi, l’électricité ne se stocke pas, tout du moins à grande échelle. Et l’essor des énergies renouvelables ne nous est pas d’un grand secours. Au contraire.
Il faut pour le comprendre, rappeler qu’un réseau électrique fonctionne en flux tendus. Le gestionnaire de réseau (RTE en France) veille sans cesse à ce que la production d’électricité soit exactement égale à la demande. Des centrales électriques sont mises en route si la fréquence du réseau faiblit en dessous de 50 hertz et vice versa. Sinon, c’est le blackout.
Maintenir cet équilibre est complexe, car il est impossible de prévoir avec précision l’évolution de la demande d’électricité. Cet exercice se complique encore lorsque l’offre d’électricité est elle-même imprévisible. Les énergies renouvelables sont en effet très intermittentes.
En France, ce sont les centrales nucléaires qui satisfont la demande de base. C’est-à-dire la demande qui est certaine. Les variations non anticipées de la demande sont gérées grâce aux barrages ainsi qu’aux centrales à gaz qui peuvent ajuster leur production d’électricité en quelques secondes (contrairement aux centrales nucléaires).
Mais le risque existe que le réseau ne puisse pas satisfaire la demande. Hiver très froid, guerre et pénurie de gaz, indisponibilité de certaines centrales nucléaires, etc. Dans ces cas-là, des effacements et des délestages peuvent être mis en œuvre pour diminuer la demande d’électricité.
Le problème du pic de consommation
La transition vers des énergies renouvelables complique l’équation pour les énergéticiens. La raison étant que les aléas climatiques peuvent faire considérablement chuter la production. L’intermittence de l’éolien et du photovoltaïque a tout chamboulé.
Ces moments fatals imprévisibles rendent obligatoire le maintien de capacités de production redondantes très importantes. Et cela a un coût…
La parade serait d’adopter une culture de la sobriété énergétique en rendant la demande plus flexible. Cela permettrait de se débarrasser des pics de demande qui obligent les énergéticiens à conserver des centrales électriques qui ne sont pas rentabilisées.
L’Angleterre s’y est mise. Plus d’un million de personnes sont désormais payées pour ne pas utiliser d’énergie à certaines heures. En France, l’application EcoWatt donne la « météo » de l’électricité pour savoir quand ne pas utiliser ses machines énergivores (four, climatisation, machine à laver…).
D’autres veulent stocker l’électricité intermittente qui est produite lorsqu’elle n’est pas nécessaire. L’idée est de stocker ces excédents d’électricité en électrolysant de l’eau pour faire de l’hydrogène dont la combustion n’émet que de l’eau. Sans oublier des STEPS (stations de pompage-turbinage).
Nous verrons bien, mais une chose est certaine, la facture sera salée. Et nombreux sont ceux qui pensent que l’Hydrogène ne sera pas la panacée. Quoi qu’il en soit, le stockage de l’électricité à moindre coût n’est pas pour maintenant.
Enter Bitcoin
Disons-le tout de suite, le Bitcoin ne permet évidemment pas de stocker de l’électricité. Néanmoins, il est un atout pour la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique.
De plus en plus d’énergéticiens le comprennent. Le Japonais Tepco par exemple. Et tout récemment l’énergéticien nucléaire américain Talen Energy qui s’est allié au mineur TeraWulf. Au Texas, les mineurs jouissent de contrats d’effacement sur mesure avec l’obligation de déconnecter leurs machines sur demande.
Peu convaincant diront certains. Avec ou sans mineurs, le pic à gérer reste le même. Certes, mais le mineur rapporte de l’argent. Le bitcoin consommant environ 90 TWh d’électricité par an, nous parlons d’environ 5 milliards de dollars (à 5 centimes le kWh).
De quoi faire construire quelques éoliennes et centrales nucléaires. Où bien réduire la facture d’électricité qui vient d’augmenter de 15 % chez EDF…
D’autres pointeront du doigt l’effet rebond puisque le réseau Bitcoin représente 0.1 % des émissions mondiales de CO2 (ce qui est absolument négligeable compte tenu du service rendu).
C’est vrai, mais plus pour longtemps. Trouver les électrons les moins chers est vital dans cette industrie extrêmement compétitive. Les mineurs qui survivent sont ceux qui s’installent près de ressources énergétiques renouvelables excédentaires.
Par ailleurs, le Bitcoin peut aussi réduire directement les émissions de gaz à effet de serre !
Bitcoin vs méthane
Pour comprendre comment le Bitcoin réduit les émissions de CO2, il faut commencer par expliquer que les champs pétrolifères extraient du méthane en même temps que le pétrole. Et qu’il est bien souvent non rentable de l’acheminer jusqu’à la civilisation. Si bien qu’il est brûlé sur place, dans des torchères.
Il est préférable de brûler le méthane en CO2 car l’effet de serre de ce dernier est beaucoup moins puissant. Malheureusement, une partie substantielle du méthane s’échappe tout de même dans l’atmosphère (combustion incomplète à cause du vent).
Ce problème est tel que les compagnies pétrolières paient souvent des amendes pour leurs torchères. La solution à ce problème est de convertir le méthane en électricité pour alimenter des mineurs de bitcoins.
Daniel Batten a calculé qu’il en résulte une réduction de 63 % les émissions d’équivalent CO2 (sur 20 ans). Les mineurs Nakamotor Partners, Green Mining Capital et Arthur sont à la tâche et contrebalancent déjà 4 % des émissions de CO2 du Bitcoin.
Étant donné que l’AIE estime que les torchères laissent s’échapper 8 millions de tonnes de méthane chaque année, installer des mineurs de BTC sur toutes ces torchères permettrait de compenser 17 fois les émissions de CO2 actuelles du bitcoin…
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Reporting on Bitcoin, "the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy".
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