Bitcoin : La France va tout gâcher
Après le Texas, c’est au tour de la Russie d’utiliser l’industrie du bitcoin pour équilibrer son réseau électrique et réduire la facture. Quand la France va-t-elle se réveiller ? Et l’Allemagne ?
La Russie mise sur le bitcoin
La Russie alimente déjà la seconde plus grande puissance de calcul mondiale grâce à son fleuron Bitriver. Les choses semblent s’accélérer depuis l’adoubement de Vladimir Poutine. Le gestionnaire du réseau électrique russe Rosseti annonce vouloir mettre ses surplus de production électrique au service de l’industrie du bitcoin.
D’après l’agence de presse publique russe TASS, Rosseti propose de coordonner l’installation des mineurs aux endroits stratégiques et de développer un outil permettant de moduler leur demande en temps réel pour lisser les pics de consommation d’électricité.
La Russie marche dans les pas du Texas où les mineurs ont construit une relation symbiotique avec ERCOT, le gestionnaire de réseau local. Les Russes contrôlent déjà 17 % de la puissance de calcul du réseau Bitcoin. C’est autour de 40 % pour les États-Unis. Les européens se partagent des miettes.
Pour Rosseti, « l’industrie du bitcoin permettra de consommer les excédents d’électricité tout en augmentant la consommation électrique de base (baseload) du réseau. Il en découlera des revenus supplémentaires pour la société et des recettes fiscales pour le gouvernement ».
François Bayrou, EDF et RTE (Réseau de Transport d’électricité de France) feraient bien de se poser des questions. Surtout à l’heure où l’on cherche 70 milliards d’euros pour financer les six prochains réacteurs nucléaires.
Malheureusement, le débat reste pollué par des partis pris idéologiques qui empêchent de reconnaître que le bitcoin est un atout pour la transition énergétique. Il suffit pourtant de se pencher sur les coûts de l’intermittence des énergies renouvelables pour s’en persuader.
Le bitcoin et le problème de l’intermittence
L’intermittence de la production d’électricité fait référence à la variabilité et à l’imprévisibilité de certaines sources d’énergie renouvelable. Les panneaux solaires ne produisent pas d’électricité la nuit et les éoliennes sont tributaires d’un vent erratique.
Cette intermittence les rend non compétitives face aux énergies carbonées et nucléaires. Résultat, il faut des subventions. Elles atteignent 20 milliards d’euros par an en Allemagne et les projections tablent sur 23 milliards en 2029.
Ce surcoût tient en bonne partie au maintien de centrales électriques thermiques au cas où. La situation est même à ce point ubuesque que l’Allemagne a fermé ses centrales nucléaires. Des centrales qui auraient pu fonctionner plusieurs décennies de plus.
Sans parler des coûts d’installation de nouvelles lignes haute tension ou encore du déficit commercial avec la Chine. La Commission européenne a calculé que les entreprises chinoises fabriquent des panneaux solaires pour 16 à 19 centimes par watt de capacité de production. C’est 24 à 30 centimes pour leurs homologues européennes qui ferment les unes après les autres.
Rappelons aussi que les centrales nucléaires ne sont pas conçues pour accommoder l’intermittence des ENR. L’Autorité de sûreté nucléaire estime que ces variations de production intempestives expliquent en partie la crise ayant mis à l’arrêt la moitié des réacteurs français en 2022. Ce « stop and go » est pourtant indispensable avec l’essor des énergies renouvelables.
Mais n’y a-t-il pas une alternative à la fermeture ou la dégradation des centrales nucléaires ? Pourquoi sacrifier un patrimoine technologique inestimable si l’industrie du bitcoin peut compenser les surcoûts qu’engendre la transition énergétique ? D’autant plus qu’elle est également un bel outil de gestion du réseau électrique pour s’accommoder des pics si problématiques. Explication :
Intégrer les mineurs de bitcoin au réseau
Le Texas utilise ce que l’on appelle des « gas peaker plants ». Ces centrales thermiques d’appoint fonctionnent pendant les pics ou variations brusques de la demande. C’est-à-dire seulement 3 % du temps. On utilise plutôt les barrages en France.
L’autre solution est de payer des foyers pour qu’ils réduisent leur consommation d’électricité. L’industrie peut aussi être mise à contribution, notamment les fonderies d’aluminium.
Cependant, les foyers en reviennent souvent. La petite ristourne sur la facture ne compense pas le calvaire d’une vague de froid ou de chaleur. Quant aux fonderies, leur effacement ne dure pas plus de quatre heures, au risque d’une catastrophe industrielle.
Les Texans ce sont rendus compte qu’ils n’ont plus besoin de ces centrales à gaz grâce à l’industrie du bitcoin qui peut cesser ses opérations en un clin d’œil et aussi longtemps que nécessaire. Cela marche si bien que le PDG d’ERCOT a récemment annulé la construction de 10 centrales à gaz. Elles ne sont plus nécessaires en raison des 3 GW que les mineurs peuvent rendre au réseau sur demande.
En somme, il est plus intéressant d’avoir des consommateurs d’électricité flexibles que des centrales thermiques qui tournent au ralenti toute l’année. Les études suggèrent même un léger gain au niveau des émissions de CO2. Brad Jones a félicité les mineurs pour leur contribution à « maintenir le coût de l’énergie bas pour les texans ».
Et la France ? Et l’Allemagne ? Les chiffres sont accablants :
Il est temps que le débat évolue. L’Europe ne doit pas être le dindon de la farce. Heureusement, les choses bougent en Allemagne où l’ancien ministre de l’Économie réclame une réserve stratégique de bitcoins. Même la république tchèque s’y met !
La France sera-t-elle au rendez-vous ? Ne manquez pas notre article complémentaire : Le Bitcoin accélère la transition énergétique.
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