Bitcoin : La France se ridiculise un peu plus

Une fois n’est pas coutume, la France fait une nouvelle fois montre de sa défiance crasse vis-à-vis du bitcoin.

Le Sénat interdit les « mixeurs »

Le Sénat vient d’adopter un amendement interdisant l’usage des « mixeurs de crypto-actifs ». On parle aussi de « conjoins » dans le jargon.

Les mixeurs permettent de renforcer le pseudonymat des bitcoins. Ils sont très pratiques pour protéger sa vie privée, ce qui agace les sénateurs :

« Le présent amendement entend interdire l’usage des mixeurs de crypto-actifs qui visent à opacifier et rendre intraçable l’origine des crypto-actifs qui circulent sur la blockchain. Compte tenu de leurs caractéristiques, ces mixeurs sont en effet utilisés de manière croissante dans les circuits de blanchiment, en particulier s’agissant de revenus issus du narcotrafic. »

🇫🇷 France moves to ban Bitcoin mixers.

A new amendment expands money laundering rules to include crypto transactions using mixers, citing their role in concealing fund origins.

Lawmakers argue this aligns with EU regulations set to take effect in 2027, which will prohibit… pic.twitter.com/FnNjYM7vjD

— Bitcoin News (@BitcoinNewsCom) February 6, 2025

Cet amendement ne manque pas de sel quand on sait que l’Assemblée nationale est actuellement éclaboussée par un scandale de consommation de stupéfiants. Par ailleurs, si nous suivons la même logique, interdisons aussi les billets de banque puisqu’ils contiennent tous des traces de cocaïne. Mais alors, comment nos députés feront-ils pour acheter leur poudre ?

Le Sénat souligne que l’amendement vise à s’aligner sur les réglementations de l’UE qui entreront en vigueur en 2027. La loi Mica votée par le parti européen de centre droit EPP (European People’s Party) prévoit l’interdiction des services financiers permettant des transactions anonymes.

L’attitude du Sénat est véritablement à contre-courant. Les Pays-Bas viennent par exemple de relâcher le développeur de Tornado Cash Alexey Pertsev. Un peu plus tôt en janvier, le tribunal fédéral du Texas avait annulé les sanctions imposées par l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) contre Tornado Cash.

⚡️ NEW: Tornado Cash co-founder Alexey Pertsev will be released on February 7. pic.twitter.com/r7hYzj5JfN

— Cointelegraph (@Cointelegraph) February 6, 2025

L’acharnement de l’Union européenne contre le bitcoin est une honte. Que de temps perdu à cause d’idéologues surpayés qui s’imaginent pouvoir étouffer une percée technologique aussi profonde.

Pendant ce temps, les États-Unis sont à quelques semaines de créer une réserve stratégique de bitcoins. Sans parler de la mise à profit des mineurs pour équilibrer le réseau et renforcer leurs énergéticiens. À contrario, on ne sait toujours pas où trouver les 70 milliards que coûteront les six prochains réacteurs nucléaires français…

L’utilité des mixeurs

Les transactions en bitcoins sont certes pseudonymes, mais toutes les transactions sont publiques. Chaque BTC est relié à un historique de transactions. Il est possible de remonter jusqu’au tout premier bloc dans lequel des BTC ont été créés.

[Actuellement, 3.125 BTC sont créés à chaque bloc (toutes les dix minutes) en récompense pour les mineurs qui apportent de l’énergie pour sécuriser le réseau]

Dit autrement, il suffit de pouvoir associer une transaction à une identité pour connaitre tout l’historique des transactions futures et à venir. Et malheureusement, le fait est qu’obtenir des bitcoins nécessite de passer par des plateformes d’échange qui obligent de révéler son identité.

Ainsi, a minima, ces plateformes sont une faille potentielle. Voire votre fournisseur d’adresse mail ! En effet, Coinbase, Revolut, pour ne nommer qu’eux, ne se gênent pas pour envoyer des mails contenant les adresses utilisées pour retirer ses BTC.

Sans parler des fuites de données suite à des hacks… Imaginez qu’une fuite de données révèle que vous avez retiré plusieurs bitcoins vers un wallet personnel ! La récente affaire de Kidnapping du co-fondateur de Ledger doit nous rappeler que la vie privée peut être une question de vie ou de mort.

Bref, les transactions Bitcoin étant publiques, le destinataire d’une transaction peut consulter tout l’historique des transactions de l’émetteur et vice versa. Toute vie privée n’est pas perdue pour autant, grâce aux mixeurs (coinjoin).

Bitcoin coinjoin, concrètement

En termes simples, un conjoin est une méga transaction combinant de nombreuses transactions provenant de dizaines, voire de centaines de personnes. Cette transaction va pour ainsi dire rebattre les cartes en créant des transactions de mêmes montants en sortie.

Imaginez un hélicoptère poursuivant une voiture traversant soudainement dans un tunnel. Et que 100 voitures identiques ressortent de l’autre côté du tunnel. Laquelle suivre ?…

C’est le principe du coinjoin. Le but est de rompre le lien entre les transactions pour créer de la « plausible deniability », comme disent les anglo-saxons.

Passer ses bitcoins à la moulinette d’un coinjoin après les avoir retirés d’une plateforme d’échange permet de brouiller les pistes. La plateforme ne sait plus avec certitude sur quelles adresses se trouvent vos BTC. En cas de fuites de vos données, un malfaiteur ne saura plus si vous détenez toujours les BTC retirés de la plateforme.

Malheureusement, les principaux wallets offrant l’option coinjoin (Trezor, Wasabi) ont fermé leurs portes à cause des poursuites judiciaires américaines contre les développeurs de Samouraï. De nombreuses options restent toutefois en ligne, notamment joinmarket.

Voici une série d’articles pour comprendre la mécanique d’un coinjoin. Il s’agit d’un très bon moyen d’en apprendre plus à propos du fonctionnement du bitcoin :

–Bitcoin – Pourquoi ne faut-il pas réutiliser ses adresses ?
-Bitcoin Coinjoin – Comment ça marche ?
-Comment Chainalysis piste vos bitcoins ?
–UTXO et Privacy

La vie privée fait partie des droits de l’Homme. Espérons que l’approche plus pragmatique du nouveau gouvernement américain s’exporte bientôt sur le vieux continent. Et que le projet de CBDC cher à Christine Lagarde finisse aux oubliettes.