Bitcoin - La FED va-t-elle alimenter le Bull Run ?
L’embargo maritime sur Israël pourrait raviver l’inflation et remettre à plus tard la baisse des taux, ce qui enlèverait un facteur de hausse pour le bitcoin.
Piraterie yéménite
La mer rouge est une artère du commerce international. Une bonne partie des cargaisons de pétrole et de gaz naturel en provenance du golfe Persique vers l’Europe (et un peu vers l’Amérique du Nord) y transite.
Le total des expéditions de pétrole représentait environ 12 % du total du pétrole échangé par voie maritime au cours du premier semestre 2023. C’était 8 % pour les expéditions de gaz naturel liquéfié (GNL).
Or, les attaques quasi-quotidiennes du Yémen contre la marine marchande continueront jusqu’à ce que l’État hébreu laisse l’aide humanitaire arriver à Gaza.
Cette semaine, 300 navires d’une capacité totale de 4,3 millions de conteneurs ont changé de cap ou prévoient de le faire pour éviter la mer Rouge. Cela représente environ 18 % de la capacité mondiale de transport maritime.
Ali al-Qahoum, membre du bureau politique de l’Ansarullah (Houthis), a déclaré que toute action hostile de la part des États-Unis, d’Israël ou d’autres puissances occidentales contre le pays aurait des conséquences désastreuses et coûterait très cher.
« Les Houthis n’abandonneront pas la cause palestinienne, quelles que soient les menaces américaines, israéliennes ou occidentales », a déclaré M. al-Qahoum.
Les attaques de drone ont déjà forcé deux des plus grandes compagnies maritimes à faire le tour de l’Afrique. Ce détour rallonge le voyage d’une bonne semaine et surenchérit le transport, ce qui provoquera in fine de l’inflation.
Les menaces yéménites sont prises au sérieux en Europe qui a finalement refusé d’envoyer des navires de guerre dans le cadre de l’opération navale américaine Prosperity Guardian.
Une frégate française a déjà été prise pour cible, l’obligeant à riposter avec un missile cent fois plus cher que le drone…
Le détroit d’Ormuz
Le 25 décembre, le premier ministre israélien Netanyahu a déclaré que « la guerre dans la bande de Gaza durera longtemps et qu’aucune fin imminente n’était en vue ».
De son côté, le commandant des Gardiens de la révolution iraniens a déclaré que les israéliens « devront bientôt faire face à la fermeture de la mer Méditerranée, du détroit de Gibraltar et d’autres voies navigables ».
Des drones lancés depuis le Liban peuvent effectivement isoler le port Israélien d’Haïfa. Ce serait un blocus naval total d’Israël.
Si les États-Unis décident d’attaquer le Yémen et/ou le Liban, la guerre s’intensifiera à tel point que plus un seul navire ne transitera en mer rouge.
L’Iran pourrait également entrer en piste en filtrant les navires passant par le détroit d’Ormuz, par où transite 20 % de la production mondiale de pétrole. Près de 50 % des exportations mondiales par voie maritime (plus de 2400 pétroliers) y passent chaque année. Sans parler du gaz qatari.
Ce serait un coup dur porté surtout à l’économie européenne vu que les États-Unis sont depuis peu autosuffisants en pétrole et gaz. Au bout du bout, nous pourrions de nouveau vivre une année extrêmement inflationniste si les choses dégénèrent.
Un coup des BRICS
Avec l’Égypte, l’Éthiopie et l’Arabie saoudite, les BRICS+ peuvent perturber le commerce mondial, non seulement de pétrole, mais d’à peu près tout.
L’Égypte contrôle le canal de Suez et le royaume saoudien borde la mer rouge. L’Éthiopie, même si enclavée, est une puissance régionale pouvant convaincre le Soudan et la Somalie de raviver la piraterie dans le golfe d’Aden ainsi qu’en mer d’Arabie.
En outre, les nouveaux membres des BRICS+ sont de grands exportateurs de pétrole. Le Brésil, la Chine et la Russie sont pour leur part d’importants producteurs de métaux et de terres rares dont dépend la transition énergétique.
L’admission de l’Arabie saoudite élargit aussi la force de frappe financière des BRICS+. Près de 20 % des transactions internationales se font désormais en yuan que Riyad a bien l’intention d’accepter en paiement pour son pétrole.
D’autant plus que le système de paiement international chinois CIPS connectera bientôt autant de banques que le réseau SWIFT et que le yuan est échangeable en or pour les pays exportateurs de pétrole.
Ne perdons pas de vue que la politique étrangère américaine n’a qu’un seul but : préserver l’hégémonie du dollar. Ce privilège exorbitant demande à ce que le monde entier continue de commercer en dollars et investisse ses excédents commerciaux dans la dette US.
Ce que la Chine rechigne à faire. Ses avoirs en bons du Trésor américain ont chuté de 35 % au cours des six dernières années, passant de 1200 à 770 milliards de dollars.
Pékin ne veut pas se retrouver dans la même situation que la Russie qui a vu l’occident la moitié de ses réserves de change.
Conséquence pour le dollar et le bitcoin
L’économiste lauréat du prix Nobel et professeur à l’université de Yale Robert Shiller s’est exprimé sur les répercussions qu’aurait la remise à Kiev des 300 milliards de dollars/euros d’avoirs russes gelés :
« Je n’arrive pas à me convaincre que c’est la bonne solution. Cela confirmerait aux yeux des dirigeants russes que ce qui se passe en Ukraine est une guerre proxie. Paradoxalement, cela pourrait se retourner contre l’Amérique et l’Occident dans son ensemble.
Quel signal envoie-t-on aux dizaines de pays qui, comme la Russie, y compris les pays du G7, détiennent leurs réserves en dollars ? Si l’Amérique fait cela à la Russie aujourd’hui, elle pourrait le faire à n’importe qui demain. Cela briserait la réputation du dollar et constituerait le premier pas vers la dédollarisation que beaucoup appellent de leurs vœux. »
C’est ce que l’on observe puisque d’après le Wall Street Journal, plus de 20 % du pétrole exporté en 2023 fut vendu dans une autre monnaie que le dollar.
Pour en venir au sujet qui nous intéresse, les tensions géopolitiques pourraient influencer la FED.
Pour l’instant, les marchés tablent sur six ou sept baisses de taux en 2024. Ce qui, avec les ETF, le FASB et le halving constituerait le quatrième grand catalyseur de la hausse du bitcoin.
Mais si la perturbation du trafic maritime mondial s’aggrave jusqu’à raviver l’inflation la Fed et la BCE pourraient remettre à plus tard la baisse des taux.
Cela étant dit, ce ne serait que partie remise. Les dettes sont telles que les taux devront baisser tôt ou tard, sous peine d’accélérer la fuite en avant exponentielle du service de la dette, et donc de la dette.
Quoi qu’il en soit, la fronde globale contre le billet vert est de bon augure pour le bitcoin en tant que pierre angulaire du prochain système monétaire international.
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