Bitcoin - Jérome Powell met aussi de l'eau dans son vin

Après le gouverneur de la banque de France, c’est au tour de Jérôme Powell d’arrondir les angles vis-à-vis du bitcoin.

« Bitcoin, de l’or numérique »

Jérôme Powell a répondu ce mercredi aux questions du journaliste Andrew Ross Sorkin, celui-là même qui s’était attiré les quolibets en refusant au bitcoin le statut de réserve de valeur.

Le président de la Fed lui a donné raison lors d’une conférence organisée par le NY Times :

« Les gens utilisent le bitcoin comme un actif spéculatif. C’est comme l’or, mais virtuel, c’est numérique. Les gens ne l’utilisent pas comme moyen de paiement ou comme réserve de valeur. Il est très volatil. Il n’est pas en concurrence avec le dollar, mais avec l’or. Voilà comment je vois les choses. »

NEW: Jerome Powell calls Bitcoin a competitor of gold, not the dollar 👀 pic.twitter.com/b2YGG0ojYF

— Bitcoin News (@BitcoinNewsCom) December 4, 2024

Ces déclarations sont raccords avec celles du gouverneur James Bullard qui avait fait la même analyse en 2021. Le président de la Federal Reserve Bank of St. Louis avait déclaré que le bitcoin « est un rival pour l’or ».

Analyse rationnelle, ou déni de réalité ? Un peu des deux. Le premier point d’achoppement concerne la définition de ce qu’est une réserve de valeur.

Une chose est sûre, le dollar n’est pas une réserve de valeur. L’inflation fut de 25 % au cours des seules quatre dernières années. Dit autrement, le billet vert achète 20 % moins de chose qu’en 2020. Dans le même temps, le bitcoin s’est apprécié de plus de 400 %, multipliant par cinq son pouvoir d’achat.

Le bitcoin est une percée technologique. Pour la première fois de l’Histoire, l’humanité dispose d’un actif liquide existant en quantité absolument finie. Il est difficile d’imaginer qu’une telle monnaie ne puisse pas être qualifiée de réserve de valeur stricto sensu.

Bitcoin vs Dollar

Là où Jérôme Powell n’a pas tort, c’est que le bitcoin n’est pas taillé pour huiler 100 % des transactions. Il ne peut gérer qu’une poignée de milliers de transactions toutes les 10 minutes. A comparer avec les 13 millions de transactions du système monétaire traditionnel.

Certes, le Lightning Network (LN) permet de passer à l’échelle, mais lentement. Avec 4 000 transactions par bloc, il faudrait 40 ans pour que chaque humain se connecte au LN. Ce goulot d’étranglement empêche l’émergence soudaine du bitcoin comme moyen de paiement universel.

Par ailleurs, les plateformes d’échange ponctionnent leur dîme à chaque achat de bitcoins. Ces frais rendent les transactions en BTC non compétitives face à Mastercard ou Visa. En Europe et aux États-Unis, ces frais s’élèvent à 0.3 % et sont de surcroît payés par le vendeur.

En outre, le bitcoin existe en quantité fixe, ce qui signifie qu’une banque ne pourrait pas réaliser des prêts ex nihilo. Les prêts seraient beaucoup plus rares et plus chers. En clair, le système de réserve fractionnaire est un ponzi qui a ses avantages. Il est même essentiel à une société complexe (intensive en capital).

Si le bitcoin ne peut pas se substituer au système fiat, il pourrait en revanche le remplacer dans les réserves de change globales. Ces dernières sont équivalentes à 12 500 milliards de dollars, sans compter l’or. Le Bitcoin est indéniablement un système de paiement robuste et largement suffisant pour des réconciliations journalières entre pays.

Il est une réserve de valeur en même temps qu’un système de paiement in-censurable, deux-en-un. Cet aspect résonne auprès des pays souhaitant réduire leurs réserves de dollars. Vladimir Poutine a d’ailleurs déclaré cette semaine : « Qui peut bannir le bitcoin ? Personne ».

La création d’une réserve stratégique de bitcoins par les États-Unis va également dans ce sens, quoi qu’en pensent les banquiers centraux.

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