Bitcoin & Géopolitique - Semaine 23
Le climat de guerre froide ne s’estompe pas. La réduction de la production de pétrole saoudite et la réunion des BRICS pointent furieusement vers un nouvel ordre mondial.
L’OPEC au chevet de la Russie ?
Comme anticipé, la réunion de l’OPEC de ce dimanche à Vienne s’est soldée par une baisse de la production de pétrole. « L’Arabie saoudite réduira sa production d’un million de barils par jour à partir de juillet », a déclaré le ministre de l’Énergie saoudien Abdulaziz Bin Salman.
La production du royaume passera donc de 10 à 9 millions de barils par jour. Le prince prévient également que ce million était « extensible ». Les autres membres de l’OPEC maintiendront leur production au niveau actuel.
Interrogé sur le fait de savoir si l’OPEC pouvait faire confiance à la Russie, M. Abdulaziz a répondu : « Absolument. Mais j’ai toujours aimé la phrase du président Reagan. Faites confiance, mais vérifiez ».
En effet, le géant pétrolier public Rosneft prévoit une augmentation de 45 % de son bénéfice net au premier trimestre 2023. Et cela alors même que la Russie s’était engagée à réduire sa production journalière de 500 000 barils par jour.
Les Saoudiens le savent. Les manœuvres des Saoudiens sont un soutien à peine voilé à la Russie qui mène la fronde contre l’oncle Sam. Ainsi, après avoir porté un coup dur au pétrodollar en début d’année, Riyad multiplie les gages de bonne volonté.
De quoi valider son ticket d’entrée au sein des BRICS ? En tout cas, les ministres des Affaires étrangères russes et saoudiens avaient l’air de bien s’entendre ce week-end à Cape Town :
La Chine hausse le ton
En parlant d’ordre mondial, le ministre de la Défense Li Shangfu avait un message pour son homologue américain présent à Singapour pour le sommet de l’IISS (International Institute for Strategic Studies) :
« La Chine soutient fermement le système international centré sur les Nations unies. […] Certains pays adoptent toutefois une approche sélective des lois internationales. Ce qu’ils appellent « rules-based international order » ne dit jamais quelles sont les règles et qui les édictent. Les règles sont l’exceptionnalisme et le double standard au profit d’un petit nombre de pays. »
Le général chinois n’a pas mâché ses mots devant le secrétaire à la Défense Lloyd James Austin :
« Un pays se mêle délibérément des affaires intérieures d’autres pays, ayant fréquemment recours à des sanctions unilatérales ainsi qu’à la force. Il a encouragé des révolutions de couleur et des guerres proxy dans différentes régions en laissant derrière lui le chaos. Nous ne devons jamais permettre que de telles choses se reproduisent dans la région Asie-Pacifique. »
« La mentalité de la guerre froide refait surface […]. Le véritable objectif des alliances militaires comme l’OTAN dans la région Asie-Pacifique est de prendre des pays en otage et de jouer sur les conflits et les confrontations qui ne feront qu’entraîner la région dans un tourbillon de divisions et de conflits. »
Dernière mise en garde :
« Nous ne devons jamais oublier les catastrophes infligées par les deux guerres mondiales et la guerre froide. Et nous ne devons jamais permettre que de telles tragédies se reproduisent. »
Dès le lendemain de ce discours, la marine chinoise s’en est allée saluer une frégate américaine patrouillant à 8 000 km de ses côtes, dans le détroit de Taïwan :
La réunion des BRICS
Les ministres des Affaires étrangères des BRICS se réunissaient aussi ce week-end en Afrique du Sud. Furent également conviés les ministres d’Arabie saoudite, d’Iran, des Émirats arabes unis, du Nigeria, de l’Argentine, d’Égypte, de l’Indonésie et du Kazakhstan.
Ces nouvelles alliances ne sont pas anodines. Les BRICS se retrouvent clairement autour de l’idée de se passer du dollar et de refonder l’ordre international.
Emmenés par l’Iran, les membres de l’Asian Clearing Union (ACU) viennent par exemple de lancer un nouveau système de messagerie financière transfrontalière.
Les BRICS ont pour leur part annoncé charger la New development Bank de réfléchir à une éventuelle monnaie commune. Le sujet reste épineux. Il n’est pas si facile de se débarrasser du dollar.
En effet, la Russie n’acceptera pas éternellement des roupies en échange de son pétrole. Si l’Inde n’a pas de marchandises tangibles à échanger contre ces roupies, les Russes finiront par fermer le robinet.
Une nouvelle monnaie de réserve internationale sera donc très rapidement nécessaire. L’or est l’éternel candidat, mais le fait est qu’il ne peut pas servir à huiler les millions de transactions internationales journalières.
Certains membres des BRICS agitent l’idée d’un stablecoin adossé à l’or. Mais qui gardera l’or ? La Chine ? Qui peut garantir que la Chine ne fera pas le même coup que Nixon dans vingt ans ?
Le Bitcoin comme monnaie de réserve internationale
Le Gold Standard repose in fine sur une confiance qui sera toujours sacrifiée sur les autels de la géopolitique et de la dette. Il est voué à l’échec et 1971 en fut la démonstration.
Une bonne monnaie de réserve internationale doit permettre des transactions instantanées. Elle doit être en même temps un réseau de paiement, deux-en-un. C’est exactement ce qu’est le bitcoin.
Une monnaie de réserve doit aussi être décentralisée. Pourquoi ? Pour éviter toute dévaluation. En effet, qui peut garantir qu’un stablecoin adossé à l’or ne sera pas un jour dévalué par ses créateurs ? Ou que certains pays s’en voient déconnectés comme avec le réseau SWIFT ?
La question ne se pose pas pour le bitcoin. Ceux qui participent au réseau sont naturellement incités à ne pas modifier le protocole (21 M), sous peine de dévaluer leur épargne.
A contrario, les États n’ont généralement pas d’épargne, mais plutôt des dettes. Ils sont incités à créer de l’argent ex nihilo ou bien à faire défaut.
Et alors que les gisements d’or sont concentrés dans quelques pays, le bitcoin a cet avantage de pouvoir être miné absolument partout. Il suffit d’y dédier une partie de sa production d’électricité.
Enfin, il y a peu de chance qu’une monnaie entièrement contrôlée par les BRICS soit acceptée par l’occident. Le monde a besoin d’une monnaie apatride (décentralisée) et que toutes les nations jouent à armes égales.
Les États-Unis qui contrôlent déjà 50 % du hashrate ne pourront pas dire qu’ils partent avec un handicap. Le bitcoin est taillé pour devenir la dernière monnaie de réserve internationale.
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