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Bitcoin & Géopolitique - Semaine 22

mar 30 Mai 2023 ▪ 8 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Les tensions internationales sont du pain béni pour le Bitcoin. Il est une solution clé en main pour contourner les sanctions financières. La Russie l’a bien compris.

Bitcoin

On ne sanctionne pas le Bitcoin

Le Bitcoin est décentralisé. Il est par définition apatride. Toute nation peut l’utiliser, et même dédier des excédents d’électricité pour renforcer ses réserves de change.

Les pays représentant près de 30 % du PIB mondial (et 40 % des ressources énergétiques fossiles) entravés par des sanctions américaines s’y intéresseront tôt ou tard. Quelques exemples :

La Russie et l’Iran ne peuvent plus utiliser le réseau de paiement international SWIFT. Les réserves de change russe et Afghanes ont été gelées par les États-Unis et l’Europe. L’Angleterre refuse de rendre l’or du Venezuela. La Chine ne peut plus acheter de puces électroniques de dernière génération. L’Irak doit demander l’autorisation pour dépenser ses dollars. Cuba, Biélorussie, etc.

List of countries under embargo
« Qui a donné aux États-Unis le droit de décider de la manière dont les autres pays doivent commercer et faire des transactions entre eux ? Sur la carte ci-dessous, les pays en rouge font l’objet de sanctions économiques de la part du gouvernement américain.
Cuba est soumis à un embargo économique depuis 61 ans. »

https://twitter.com/theLemniscat/status/1653776319111471104

À bien y regarder, les sanctions occidentales touchent la plupart du temps aux transactions financières. Les réseaux de paiement sont devenus des armes militaires.

Tout gouvernement n’ayant pas la maîtrise de ses moyens de paiement nationaux et internationaux peut être renversé en un clin d’œil. Une coupure du réseau SWIFT est synonyme d’hyperinflation pour un pays sans défense.

De nombreux pays africains sont par exemple obligés de passer par le Trésor français et l’euro pour commercer. Ce mécanisme offre à la France un moyen de pression immense. Bloquer les comptes d’opération suffit pour déstabiliser n’importe quel pays de la zone CFA. Nicolas Sarkozy ne s’en priva pas en 2011 pour faire tomber Laurent Gbagbo.

Le Bitcoin offre un réseau de paiement global aux nations désireuses de s’émanciper, mais qui craignent d’être déconnectés des réseaux de paiement.

La sanction de trop

Comme l’a récemment déclaré le chef économiste du Financial Times Martin Wolf, « le G7 doit accepter qu’il ne peut pas diriger le monde » :

« Aujourd’hui, les espoirs d’un ordre économique mondial coopératif, qui avaient atteint leur apogée lors du sommet du G20 à Londres en avril 2009, se sont évaporés. Pourtant, le G7 n’est pas sur le point de remplacer le G20. L’époque de la domination du G7 est encore plus distante que celle de la coopération du G20. Ni la coopération mondiale ni la domination occidentale ne semblent réalisables. Qu’est-ce qui pourrait s’ensuivre ? Hélas, la division pourrait être une réponse et l’anarchie une autre. »

En effet, les États-Unis ont bien l’intention de multiplier les bassesses pour tenter de préserver leur empire. Les récentes déclarations de Lindsey Graham entrent dans cette catégorie. Le sénateur américain a lancé au président Zelensky : « Les Russes meurent » […] « Nous n’avions jamais aussi bien dépensé notre argent »...

Ce sénateur qui a déjà appelé à l’assassinat de Vladimir Poutine a depuis confirmé que ses propos ont été « sortis de leur contexte » et montées par les services de communication du président ukrainien.

Ce genre de déclarations incendiaires visent à mettre le feu aux poudres. Tel est l’objectif des États-Unis : se battre jusqu’au dernier ukrainien pour tenter de renverser Vladimir Poutine. Quitte à déclencher une guerre mondiale, car, en toile de fond, c’est l’hégémonie monétaire américaine qui est en jeu.

Contre-offensive

Malgré la défaite de Bakhmout (50 000 morts côté ukrainien et 15 000 côté russe d’après la société militaire privée Wagner), V. Zelensky ne veut toujours pas négocier.

Zelensky
« Nous avons approuvé les dates du début du mouvement de nos troupes, les décisions ont été prises », déclare Zelensky, dans le signal le plus clair à ce jour que la contre-offensive de l’Ukraine pourrait bientôt commencer.
https://twitter.com/Euan_MacDonald/status/1663273885079355403

La contre-offensive ukrainienne devra nécessairement s’accompagner de frappes contre les point névralgiques logistiques russes. Comme lorsque l’Ukraine était parvenue à repousser les forces russes sur la rive droite du Dniepr à l’automne 2022.

Les forces ukrainiennes avaient utilisé les systèmes HIMARS fournis par les États-Unis pour couper les voies d’approvisionnement russes. Il était alors devenu intenable pour la Russie de soutenir ses forces situées sur l’autre rive.

Depuis, l’armée russe a modifié ses systèmes de défense aérienne pour neutraliser les roquettes HIMARS (portée de 80 km). Les lignes d’approvisionnement ont aussi été éloignées. Si bien que c’est désormais avec des missiles Storm Shadow (portée de 250 km) offerts par le Royaume-Uni que l’Ukraine compte mener son offensive.

Le Royaume-Uni est le premier pays à fournir à l’Ukraine des missiles capables d’atteindre des cibles à l’intérieur de la Russie. D’où les récentes discussions pour fournir des chasseurs F-16 à l’Ukraine puisqu’il s’agit de missiles air-sol.

Tout cela pour dire que cette guerre s’éternise et que nouvelles alliances se font de plus en plus saillantes. De nombreux pays rejoignent le camp de la Russie et de la Chine. Notamment ceux qui souhaitent rejoindre les BRICS et l’Organisation de coopération de Shanghai.

Les BRICS devraient d’ailleurs annoncer en août de nouvelles mesures pour dédollariser les échanges et contrer les sanctions financières occidentales.

Pourquoi pas le bitcoin ?

Les dernières nouvelles de Russie laissent penser que le bitcoin fera partie de la stratégie d’émancipation monétaire des BRICS.

Selon le média russe Izvestiya, le projet de créer un exchange national (comme Binance, mais nationalisé) a été abandonné. Des exchanges privés feront l’affaire. Il s’agira plutôt d’étoffer les réglementations, déclare Anatoly Aksakov, président de la commission des Marchés financiers de la Douma.

Le ministère des Finances russe a trouvé un compromis avec la Banque centrale pour offrir un cadre législatif à l’industrie du Mining. Par ailleurs, les exchanges pourront servir à contourner les sanctions en facilitant des transactions internationales en bitcoins.

« Cela permettra de minimiser les risques d’imposition de sanctions, de cyberattaques sur les infrastructures et d’éliminer les abus de position dominante » (SWIFT), souligne Oleg Ogienko, directeur des relations gouvernementales chez le mineur BitRiver.

Ces exchanges aideront les entreprises nationales à réaliser des transactions internationales en cryptomonnaies pour contourner les sanctions, a déclaré Alexey Tarapovsky, fondateur d’Anderida Financial Group.

D’un point de vue législatif, les exchanges seront opérationnels quelques mois après l’adoption de la législation, estime Evgenia Burova, directrice de la communication de l’exchange Garantex.

Ainsi, malgré les rumeurs de la création d’une nouvelle monnaie de réserve par les BRICS et du réseau de paiement CIPS, l’attrait du bitcoin reste entier. Tout fonctionne déjà. Il n’y a plus qu’à.

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Nicolas T.

Reporting on Bitcoin, "the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy".

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