Bitcoin & Géopolitique - Semaine 21
Le monde change par la force. Deux blocs s’affrontent et l’Ukraine n’est que la partie émergée de l’iceberg.
L’Ukraine invitée au G7
Les pays du G7 se sont réunis la semaine passée à Hiroshima. Tout un symbole quand on sait que Vladimir Poutine n’hésite pas à rappeler qu’il possède le plus gros bouton rouge.
La toute première déclaration du communiqué des sept (USA, France, UK, Allemagne, Italie, Japon, Canada) promet de soutenir l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra face à la guerre d’agression illégale de la Russie ».
Volodymyr Zelensky fut d’ailleurs l’invité surprise. Trop occupé à recevoir ses consignes de Biden, le président ukrainien a refusé de rencontrer le président brésilien. Cette rebuffade nous rappelle que les pays des BRICS demeurent en bon terme avec Moscou.
De même que les pétromonarchies du golfe. Et plus particulièrement l’Arabie saoudite qui accueillait le sommet de la Ligue arabe parallèlement au G7. Le président ukrainien y a également fait escale pour plaider sa cause, sans toutefois faire beaucoup d’émules.
Le président syrien Bachar al-Assad en fut même passablement énervé, lui qui fêtait son grand retour après onze ans d’absence. Le lion de Damas a déclaré :
« Nous avons l’occasion de bénéficier de l’émergence d’un système multipolaire en réaction à la domination d’un occident dépourvu d’éthique, de principes et d’amis. Ce sommet est une occasion historique de résoudre les problèmes de notre région sans ingérence étrangère. Cela demande que nous révisions notre posture internationale et que nous prenions activement part dans le nouvel ordre mondial qui émerge. »
Le retour de la Syrie dans la Ligue arabe découle directement de la réconciliation entre l’Arabie saoudite et l’Iran. C’est un signe fort qui en dit long sur l’évolution du paysage géopolitique mondial.
Surtout quand on sait que la guerre en Syrie fut sponsorisée par les États-Unis, le Qatar et Israël en vue d’affaiblir l’Iran.
La Syrie, une affaire de pipelines
L’émir du Qatar n’a pas assisté au discours du président syrien. Le cheikh Tamim bin Hamad Al Thani a préféré quitter le sommet. Ne cherchez plus le mystérieux mécène d’ISIS…
Un mécène ayant agi avec la bénédiction de l’oncle Sam qui s’est servi de lui pour protéger le pétrodollar. L’explication réside dans le fait qu’au travers de la Syrie, Washington cherchait en réalité à contrer l’Iran qui refuse de vendre son gaz et son pétrole en dollar.
Il était plus facile de déstabiliser la Syrie que l’Iran pour obtenir le même résultat : empêcher la construction d’un gazoduc qui aurait permis à l’Iran de vendre son gaz à l’Europe. Baptisé « pipeline de l’amitié », ce projet était long de 5 600 km et large de 142 centimètres.
Malheureusement, l’Iran et le Qatar partagent le même gisement gazier. Le South Pars se trouve à cheval sur leur frontière maritime. Il était donc hors de question que le pipeline iranien soit construit à la place du pipeline qatari.
Qu’à cela ne tienne, la Chine a prévu d’investir des centaines de milliards pour développer l’industrie pétrochimique perse. Le gaz que le vieux continent n’a pas voulu ira en Asie.
L’Empire du Milieu dans le collimateur
L’information la plus importante du G7 fut délivrée par Rishi Sunak. Le premier ministre britannique a lâché que la Chine représente la « plus grande menace de notre temps pour la sécurité et la prospérité mondiale »…
Ce ton belliqueux contraste avec celui d’Emmanuel Macron qui avait pourtant calmé le jeu suite à sa rencontre avec Xi Jinping au mois d’avril.
La Chine était d’ailleurs très haut dans l’agenda du Bilderberg qui se déroulait dans le même temps au Portugal. Ce club rassemble chaque année tout le gratin occidental de la politique, de la finance, des médias, des armées, des grandes multinationales et des services secrets.
Pour rappel, l’objectif des premières réunions du Bilderberg (créé en 1954) était de s’organiser face au péril rouge. Les choses n’ont guère changé…
N’oublions pas que la création du pétrodollar y fut discutée dès 1973 sous la houlette d’Henry Kissinger. Ce dernier fut, comme toujours, présent à Lisbonne. Et gageons que l’architecte du pétrodollar n’a pas plaidé pour un apaisement des relations internationales. Au contraire.
L’objectif principal de la Chine est de « réorganiser l’ordre mondial », a déclaré Elizabeth Economy, qui participait à son deuxième Bilderberg en tant que conseillère principale de Joe Biden sur la Chine.
E. Economy a mis en garde contre « un ordre centré sur la Chine avec ses propres normes et valeurs ». Cette déclaration dans un club qui contribue à préserver l’ordre mondial occidental depuis près de sept décennies est loin d’être anodine.
La guerre des puces
La Chine refait son retard technologique, et cela fait peur. Notamment à Eric Schmidt, membre du conseil d’administration du Bilderberg et ancien patron de Google. Pour lui, l’IA « est au cœur » de la concurrence entre la Chine et les États-Unis. Et qui dit IA, dit semi-conducteur.
[Sans parler du fait que la Chine a importé pour 400 milliards de dollars de semi-conducteurs. Parvenir à fabriquer ses propres semi-conducteurs de dernière génération serait un énorme boost pour le PIB du géant asiatique.]
Deux dates de l’année 2022 feront longtemps écho dans l’histoire géopolitique. L’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février. Mais aussi le 7 octobre, lorsque le gouvernement américain s’est mis en tête de sevrer l’industrie chinoise des semi-conducteurs de dernière génération.
Cette date a marqué le début d’une nouvelle ère dans les relations sino-américaines et, par là même, dans la géopolitique internationale.
« Nous sommes à un point d’inflexion », avait déclaré le secrétaire d’État américain Antony Blinken dix jours plus tard. « Le monde de l’après-guerre froide est arrivé à son terme et une compétition intense est en cours pour façonner l’avenir. La technologie est au cœur de cette compétition ».
De quoi inciter la Chine à envahir Taïwan ? C’est en effet là que se trouve TSMC, de très loin le plus grand fabricant mondial de semi-conducteurs de dernière génération…
C’est ce dont rêvent les États-Unis : provoquer une guerre mondiale et faire défaut sur leur dette. Comme ils l’ont fait avec la Russie.
À ce propos, le cirque du plafond de la dette US continue. Quoi qu’il arrive, soyez certains d’une chose : la Fed rabaissera les taux et ressortira sa planche à billets. Et plus tôt qu’on ne le pense.
Le Great Reset hyperinflationniste se rapproche et l’on a du mal à imaginer comment le Bitcoin pourrait ne pas tirer son épingle du jeu dans ce contexte géopolitique explosif. Ne manquez pas notre article : Pourquoi tant de dettes ?
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