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Bitcoin & Géopolitique - Semaine 19

mar 09 Mai 2023 ▪ 8 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Il ne sera pas si facile de se débarrasser du dollar. La Russie commence déjà à bouder la roupie indienne pour le paiement de son pétrole.

Roupie Inde

Dédollarisation au long court

Le statut de monnaie de réserve internationale du dollar s’érode. Les efforts de Vladimir Poutine portent leurs fruits, lui qui déclarait déjà en 2010 :

« Nous devrions nous éloigner du dollar qui jouit d’un monopole excessif en tant que seule monnaie de réserve internationale. Ce privilège a déséquilibré l’économie mondiale et l’a rendue vulnérable », avait-il lâché lors d’une visite en Allemagne.

Bon camarade, le tsar avait même fait un appel du pied à l’UE :

« Nous savons qu’il y a des problèmes au Portugal, en Grèce, en Irlande et que l’euro vacille un peu. Mais, dans l’ensemble, il s’agit d’une monnaie solide et de qualité, qui devrait prendre sa place en tant que monnaie de réserve. »

Une décennie plus tard (juin 2021), V. Poutine accusait les États-Unis de se servir du dollar comme une arme économique et politique. « La Russie pourrait envisager de régler les transactions pétrolières et gazières dans d’autres monnaies, notamment l’euro », avait-il menacé.

Prévenant que ce serait un coup dur pour le dollar américain, le président russe avait toutefois déclaré ne pas en avoir l’intention. Et puis vint la guerre entre Kiev et Moscou.

En septembre de l’année dernière, la Russie a finalement cessé d’accepter l’euro, le dollar et la Livre Sterling. Pour trois raisons :

  • La déconnexion de la Russie du réseau de paiement SWIFT (pour les transactions internationales)
  • Le gel de 300 milliards de dollars et d’euros appartenant à la Russie
  • L’embargo occidental sur l’économie russe

Depuis, la Russie vend une bonne partie de son pétrole à l’inde qui paie en roupie. Mais cela pose un problème…

La roupie n’est pas le dollar

Alors que l’occident s’est coalisé pour tenter d’isoler la Russie, l’Inde fait cavalier seul, bien heureuse de pouvoir acheter de l’or noir à bon compte. Ses importations de pétrole russe ont augmenté de plus de 1100 %. Celles d’engrais agricoles de 300 % et de 200 % pour le charbon.

Malheureusement, l’Inde n’a pas tant de choses à offrir à la Russie en échange. L’industrie indienne ne sait pas produire ce dont les Russes ont besoin. Ses composants sont top bas de gamme pour la Russie.

Il en découle un déséquilibre de la balance commerciale. La Russie se retrouve avec des milliards de roupies qu’elle ne peut pas utiliser.

Les exportations totales de l’Inde vers la Russie ont diminué de 12 % pour atteindre 2,8 milliards de dollars au cours des 11 derniers mois. A contrario, ses importations de Russie ont presque quintuplé pour atteindre l’équivalent de 42 milliards de dollars.

« C’est un problème », a déclaré vendredi le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en marge de la réunion de l’Organisation de coopération de Shanghai. « Nous devons utiliser cet argent. Mais pour cela, ces roupies doivent être transférées dans une autre devise, et c’est ce qui est en train d’être discuté ».

« Que se passe-t-il lorsque le secteur manufacturier n’est pas solide ? Votre monnaie ne vaut pas grand-chose.
« Nous avons accumulé des milliards de roupies indiennes et nous devons maintenant les convertir dans une autre devise », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, M. Lavrov.
Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas grand-chose à acheter avec une roupie. En revanche, la Russie accumule beaucoup de yuans parce qu’ils peuvent toujours être utilisés pour acheter des produits chinois. »
« 

En effet, la roupie est loin d’avoir l’envergure du dollar. Contrairement au billet vert, elle n’est pas acceptée aux quatre coins du monde.

Internationaliser la roupie

L’Inde est récemment parvenue à convaincre un certain nombre de pays d’accepter la roupie en paiement.

Dit autrement, la Russie pourra dorénavant dépenser ses roupies dans plusieurs pays que sont le Népal, le Bhoutan, le Myanmar, le Sri Lanka, les Émirats arabes unis, l’Iran, l’Irak, le Yémen, le Bahreïn, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite, la Syrie, la Jordanie, le Liban, l’Allemagne, Singapour, le Kenya, l’Angleterre, l’Allemagne et l’Égypte.

Autant de pays qui ont surtout du pétrole et du gaz à offrir, ce dont la Russie n’a pas besoin. Mais cela ouvre tout de même grandement le champ des possibles.

La Russie préfèrerait être payée dans la monnaie chinoise (yuan). La raison étant que l’Empire du Milieu produit de nombreux produits désirés par la Russie. Notamment des smartphones, des PC ou encore des moteurs.

Mais cette idée a du mal à passer du côté de New Delhi. Deux responsables bancaires indiens déclaraient en début d’année que la Reserve Bank of India (RBI) n’était pas favorable au règlement du commerce extérieur en yuans.

En effet, cela reviendrait à faire des concessions à son grand rival asiatique. Et malgré les médiations de Vladimir Poutine, les griefs demeurent.

La solution serait d’utiliser une monnaie apatride. Une monnaie n’offrant de privilège à aucun pays en particulier. Le Bitcoin, qui est une monnaie ainsi qu’un système de paiement (deux-en-un), est le candidat évident :

« Le Bitcoin est la réponse à la question qui mystifie Warren Buffett. »

Bonus, il est possible de transformer ses surplus d’énergie électrique en bitcoin. C’est d’ailleurs ce que devrait faire l’Argentine au lieu de contracter des dettes auprès de la Chine.

Ses immenses excédents d’énergie hydraulique lui permettraient de miner des bitcoins. Vendre des bitcoins à l’étranger permettrait de réduire la pression sur le taux de change. L’inflation (importée) en serait d’autant plus réduite.

L’Argentine interdit les achats de BTC

Dans un communiqué publié la semaine passée, la banque centrale d’Argentine a décrété l’interdiction aux exchanges d’acheter des bitcoins à l’étranger.

L’Argentine n’a tout simplement pas assez de mineurs de bitcoins. Si bien que les exchanges doivent acheter des BTC à l’étranger pour satisfaire la demande. Problème, la banque centrale d’Argentine n’a plus de dollars.

Autre problème, le taux d’inflation atteint 100 %… Les Argentins gardant leur épargne en pésos ont vu leur pouvoir d’achat diminuer de moitié en une année seulement !

D’où la récente poussée dans les sondage de Javier Milei, un candidat bienveillant à l’égard du Bitcoin. Ce dernier a pour ambition de laisser toutes les monnaies (dollars, euros, perso, etc) se faire concurrence à l’intérieur des frontières argentines.

Or, seuls les gens très aisés peuvent se permettre d’acheter de l’immobilier de prestige, des toiles de maître ou des actions de multinationales américaines ou européennes. Le pauvre est lui massacré faute de posséder les actifs désirables qui s’apprécient aussi vite que l’inflation.

Tout cela a changé depuis l’émergence du Bitcoin. Contrairement à un Picasso, il est possible d’investir dans le bitcoin dès 10 dollars.

Chainalysis estime que l’Argentine est l’un des pays où la population adopte le bitcoin au rythme le plus rapide. Mais quand il est trop tard, il est trop tard…

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Nicolas T.

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