Bitcoin & Géopolitique - Semaine 15
Il ne se passe plus une semaine sans qu’un pays annonce prendre ses distances avec le dollar. Se posera bientôt la question de son remplaçant. Le bitcoin ronge son frein.
Bitcoin, la valeur sûre
Bitcoin est un système monétaire parallèle déjà indispensable aux centaines de millions de personnes vivant dans des pays en proie à l’hyperinflation.
Autant de terreaux fertiles pour le bitcoin en raison des « remittances » qui représentent généralement une part significative du PIB. Quand les sanctions internationales ne les interdisent pas…
Le bitcoin est une défense imprenable contre les aléas inflationnistes, géopolitiques et les limites physiques à la croissance. Voyez les Nigérians qui ont vu le pic de production du pétrole s’accompagner d’une inflation récurrente comprise entre 10 % et 20 % par an. Voyez les Ukrainiens, sacrifiés sur l’autel de la géopolitique.
Et si les vertus du bitcoin sont grandes à l’échelle individuelle, elles le sont aussi à l’échelle de pays toujours plus nombreux à réaliser que le dollar n’est plus une réserve de valeur digne de ce nom.
La dette immense et l’inflation au plus haut depuis 40 ans ont rendu le dollar peu attrayant. Washington a bien tenté de reproduire les scénarios d’Irak et de Libye en Russie pour tenir le monde en respect. Mais c’est un fiasco.
La part du dollar dans les réserves des banques centrales est passée de 72 % en 2002 à 58 % aujourd’hui. Il représentait même 85 % des réserves à la fin des années 70.
Les guerres de l’empire ne passent plus. Plusieurs pays pesant très lourd dans le concert des nations profitent clairement de la démonstration de force de Moscou pour s’émanciper du dollar.
Quitte ou double
Une défaite en Ukraine verrait les États-Unis perdre en influence. L’empire ne serait soudainement plus invincible. D’où l’obstination de la marionnette Zelensky qui affirme toujours vouloir reprendre la Crimée malgré des sacrifices effarants.
D’après Scott Ritter, un ancien inspecteur de la commission spéciale des Nations unies en Irak, les forces armées ukrainiennes auraient perdu plus de 330 000 hommes :
« Le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Valery Zaluzhny a confié au chef d’état-major interarmées du Pentagone Mark Milley que 250 000 soldats ukrainiens ont perdu la vie. Environ 83 000 sont portés disparus. »
Face à cette boucherie, les États-Unis n’hésiteront pas à servir de la chair à canon polonaise.
Les déclarations du président ukrainien à son homologue polonais Andrzej Duda mercredi dernier suggèrent fortement que la Pologne va absorber l’Ukraine. L’ancien clown s’est engagé à ce qu’il n’y ait plus « de frontières en termes politiques, économiques et – particulièrement importants – en termes historiques » entre les deux pays.
Dans un article publié le 8 avril, le journal Rzeczpospolita conseille à l’Ukraine de rejoindre « le grand et puissant État polonais » pour mieux contrer la Russie :
« Il s’agirait d’une coopération approfondie entre les pays de notre région, en particulier la Pologne et l’Ukraine. La question de l’adhésion de Kiev à l’UE et à l’OTAN serait alors résolue d’elle-même. »
Ou comment provoquer un conflit ouvert entre l’OTAN et la Russie…
« You are either with us or against us »
D’après le magazine Fortune, la Maison-Blanche se prépare à resserrer les rangs chez ses vassaux. Deux émissaires du Trésor américain sont bientôt attendus en Asie ainsi qu’en Europe pour exiger l’application de toutes les sanctions à l’encontre de la Russie.
En effet, l’allié japonais a récemment décidé de faire faux bond en achetant du pétrole russe au-dessus de la limite 60 dollars par baril. C’était sans compter l’Inde qui est devenu le premier acheteur de pétrole russe. Sans parler de l’Arabie saoudite qui fait monter les prix pour le reste du monde.
Le royaume saoudien a même dernièrement accueilli un navire de guerre russe pour la première fois depuis 10 ans. Et que dire du rapprochement éclair avec l’Iran sous les auspices de la Chine. Ce miracle diplomatique est d’autant plus intéressant que la Perse est sous embargo depuis des décennies par refus de vendre son pétrole en dollar.
Même le neveu de JFK et candidat à la présidence se rend à l’évidence :
« L’effondrement de l’influence des États-Unis sur l’Arabie saoudite et les nouvelles alliances du Royaume avec la Chine et l’Iran sont des emblèmes douloureux de l’échec lamentable de la stratégie néocon qui consistait à maintenir l’hégémonie mondiale des États-Unis par des projections agressives de puissance militaire. […] La guerre en Ukraine est l’effondrement final de l’éphémère « siècle américain » des néocons. […] Ils ont fait de l’autorité morale des États-Unis la risée de tous, poussé la Chine et la Russie à former une alliance invincible et détruit le dollar en tant que monnaie de réserve internationale […] ».
Macron et le lotus bleu
Le président français s’est lâché lors d’un entretien avec POLITICO dans l’avion qui le ramenait de sa visite d’État de trois jours en Chine.
Pour Macron, l’Europe doit réduire sa dépendance à l’égard des États-Unis. Il faut par ailleurs éviter d’être entraîné dans une éventuelle confrontation avec la Chine à cause de Taïwan. « Le grand risque » pour l’Europe serait « de se retrouver entraîné dans des crises qui ne sont pas les nôtres, ce qui nous empêcherait de construire notre autonomie stratégique », a-t-il déclaré.
Dit autrement, la France semble prendre ses distances sur la question taïwanaise. La présidente de la Commission européenne affirme pour sa part avoir soufflé le froid en disant à Xi Jinping que « la menace d’un recours à la force pour modifier le statu quo est inacceptable ».
Autre déclaration choc, le président estime que l’Europe doit réduire sa dépendance à « l’extraterritorialité du dollar américain ».
Autant de d’affranchissements qui ne sont pas du goût de Marco Rubio. Le puissant sénateur américain a fustigé l’attitude d’Emmanuel Macron en demandant s’il parlait pour l’ensemble du vieux continent :
La France a-t-elle vraiment l’intention de calmer le jeu en Ukraine et de rejoindre la fronde globale contre le dollar ? Ce ne serait pas la première fois que l’ancien banquier de la Rothschild raconte des histoires.
Quoi qu’il en soit, la dédollarisation est en marche. Le Rubicon est franchi. Le monde va devoir se trouver une nouvelle monnaie de réserve.
L’or ? Il est vrai que les banques centrales en achètent énormément ces derniers temps. Mais c’est oublier un peu vite que le gold Standard fut un désastre. Place au Bitcoin, pour éviter la troisième guerre mondiale.
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