Bitcoin & Géopolitique - Semaine 11
Le monde a besoin d’une nouvelle monnaie de réserve. C’est ce qui transpire en coulisse des remous géopolitiques incessants depuis le début de l’opération spéciale russe en Ukraine.
Les Perses et les bédouins se rabibochent
Après plus de quatre décennies d’inimitié entre la république islamique chiite et le royaume wahhabite sunnite, les deux voisins vont rouvrir leurs ambassades. Cet accord signé à Pékin met fin à une rupture diplomatique de sept ans, déclenchée par l’exécution en Arabie saoudite de l’ayatollah chiite Nimr Al Nimr.
La diplomatie chinoise s’est appuyée sur des années de médiation irakienne. La diplomatie du Sultanat d’Oman fut aussi précieuse pour renouer des contacts suite à l’attaque de drones contre des sites pétroliers saoudiens en 2019. Riyad et Washington l’avaient imputée à l’Iran, mais elle fut revendiquée par les chiites Houthis yéménites.
L’assassinant du général Qassem Soleimani, le puissant commandant militaire iranien, à Bagdad en janvier 2020 a également laissé des traces. Le général qui s’était déplacé pour recevoir un message saoudien périt dans une frappe de drone américaine.
Il est en effet dans l’intérêt de l’oncle Sam que l’Iran et l’Arabie Saoudite ne joignent jamais leurs forces. Mais le prince héritier saoudien Mohammed Bin Salman (MBS) semble l’avoir compris. D’où cet accord qui a fait beaucoup de bruit ces derniers jours.
MBS est une figure controversée depuis son ascension au pouvoir en 2015, année du début de la guerre du Yémen. Ses liens étroits en coulisses avec Israël ont longtemps suggéré une ferme intention de contenir l’Iran.
Cependant, ses relations avec les États-Unis se sont détériorées depuis l’élection de J. Biden. MBS n’a jamais oublié que le président américain a tenté de le faire tomber suite à l’assassinat du journaliste et agitateur saoudien Jamal Khashoggi.
Un tournant pour le Moyen-Orient ?
Rétrospectivement, l’opportunisme de Biden a provoqué le rapprochement de l’Arabie saoudite avec le tango sino-russe. MBS s’est rendu compte à juste titre qu’une coordination étroite avec la Russie permettrait de tenir le prix du baril de pétrole.
Le prince s’est même complétement émancipé en décidant de ne plus vendre son pétrole exclusivement en dollar, mais aussi en yuan. Ce signal clair envoyé à Xi Jinping sera son ticket d’entrée dans le club des BRICS en même temps que l’Iran.
Le patronage de la Chine dans cette affaires est relativement légitime en tant que premier partenaire commercial des deux pays. Le commerce sino-saoudien s’élève à 87 milliards de dollars contre 16 milliards de dollars avec l’Iran (données de 2021).
Sans parler du fait que 21 millions de barils ainsi qu’un quart du LNG transitent par le détroit d’Ormuz. En tout, 1/3 des exportations mondiales de pétrole, dont près de 40 % des importations chinoises passent par là. Voilà pourquoi Téhéran et Riyad jouissent du statut de partenaires stratégiques globaux, le plus élevé au Moyen-Orient.
Ce succès diplomatique était attendu de longue date dans le monde arabe. Il pourrait ouvrir la voie à un apaisement des tensions en Syrie, en Irak, au Liban ainsi qu’au Yémen. Cette concorde arabique redonnera de la voix à la ligue arabe.
D’après le WSJ, une rencontre de haut niveau entre les monarques arabes du Golfe et les Perses devrait avoir lieu à Pékin dans le courant de l’année. Ce sera probablement peut-être l’occasion d’officialiser leur entrée dans le club des BRICS.
Xi Jinping bientôt en visite à Moscou
Face à la concurrence de plus en plus rude avec Washington et la guerre en Ukraine, la Chine a opportunément sauté sur un processus diplomatique quasiment scellé pour soigner se réputation pacifique.
C’est avec un statut de pacificateur du Moyen-Orient que le président chinois se rendra la semaine prochaine en Russie. Cela dit, au vu des dernières déclarations de X. Jinping, il ne faut pas non plus s’attendre à un second miracle.
« Les pays occidentaux, menés par les États-Unis, ont mis en place un confinement, un encerclement et une répression tous azimuts contre nous, ce qui pose des défis d’une gravité sans précédent au développement de notre pays », a déclaré X. Jinping le 7 mars.
L’une des premières décisions du président chinois fraîchement réélu fut de nommer le général Li Shangfu à la tête du ministère de la Défense. Or ce spécialiste de la technologie spatiale est sur la liste noire des États-Unis pour avoir acheté des Mig-35 russes et le système sol-air S-400.
Le grand sujet qui sera discuté dans la capitale moscovite sera l’alternative au Dollar. Il ne fait aucun doute que le nouveau système monétaire mondial sera de conception sino-russe. Mais cela prendra du temps.
Les discussions au sein de l’EAEU, de l’OCS et des BRICS+ seront longues. D’autant plus que l’Inde n’acceptera pas de commercer en yuan.
New Delhi boude le renminbi
D’après Reuters, l’Inde a demandé aux banques et aux multinationales d’éviter le yuan chinois pour payer les importations russes.
L’Inde, qui est devenue l’un des principaux acheteurs de pétrole russe (à prix réduit), préfère utiliser les dirhams des Émirats arabes unis, ont déclaré trois responsables gouvernementaux.
L’un des fonctionnaires directement impliqués dans le dossier a déclaré que New Delhi n’était pas à l’aise avec le règlement du commerce extérieur en yuans tant que les relations entre les deux pays ne s’amélioreraient pas.
Le contentieux existe depuis l’annexion du Tibet par la Chine en 1951. Depuis 2013, les différends frontaliers se sont multipliés, notamment en 2020 dans la région de Galwan. Cette vallée isolée est tout proche d’une route qui offre aux Chinois un accès à la mer d’Arabie et la possibilité de se connecter par voie de terre aux ressources iraniennes.
La question de la monnaie de réserve des BRICS restera donc épineuse. Mais il faudra bien se mettre d’accord. Le ministre des Affaires étrangères russe a encore récemment déclaré que le « dollar n’est rien d’autre qu’un bout de papier basé sur la confiance ».
La porte-parole du ministère Maria Zakharova a déclaré pour sa part que les autorités américaines soutiennent leur système bancaire « avec du papier et de la peinture ». « Les dollars qui seront imprimés causeront encore plus de problèmes ».
Néanmoins, la rivalité l’Inde suggère que seule une monnaie neutre, ne profitant à personne en particulier, arrachera l’adhésion.
Cette monnaie existe déjà. Le Bitcoin est apatride et non censurable. Les nations sont libres de rejoindre le réseau et d’utiliser le bitcoin comme moyen de paiement et réserve de change.
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