Bitcoin, future monnaie de réserve internationale ?

La BCE a publié son rapport annuel sur le rang international de l’euro. Sera-t-il bientôt en concurrence avec le bitcoin dans les réserves de change internationales ?

L’Euro, monnaie internationale en déclin

Si le dollar a du plomb dans l’aile ces derniers temps, l’euro n’est pas non plus à la fête. L’introduction du rapport écrite par la présidente de la BCE se termine par une mise en garde.

« Certains pays cherchent de plus en plus à se passer des principales monnaies de facturation pour le commerce international ainsi des systèmes traditionnels de paiement transfrontalier (SWIFT). L’accumulation d’or en tant qu’actif de réserve s’est poursuivie, notamment dans les pays étroitement liés à la Russie, de même que dans des monnaies de réserve non standard. Dans l’ensemble, cela suggère que le statut de monnaie internationale de l’euro ne doit pas être considéré comme acquis. »

D’après le rapport, la monnaie unique représente 20 % des réserves de change globales, en baisse de 0,5 % d’une année sur l’autre. En sachant que les réserves globales sont équivalentes à 11 450 milliards de dollars.

Long term trend of central banks reserves.

-Dollar collapsing
-Euro slowly decreasing
-Other currencies (mainly in the orbit of the G7) : Rising fast.

This does not include gold which is rising fast as well. pic.twitter.com/XvNxUOwfER

— Nicolas Teterel (@NTeterel) June 18, 2024

Rappelons en passant que l’Europe a gelé 250 milliards d’euros appartenant à la Russie et sans lesquels la part de l’euro tombe à 17.7 %…

La part du dollar est de 58,4 %. Ce chiffre est toutefois trompeur puisqu’il est gonflé par l’appréciation du dollar. Le FMI a récemment donné un chiffre de 55 % à taux de change constant.

La part du yen atteint 5,7 %, tandis que celle du yuan chinois (2.3 %) reste minuscule comparé au poids économique du géant asiatique.

La BCE prévient que le risque géopolitique joue un rôle de plus en plus important dans la gestion des réserves de change. Elle souligne à ce propos une récente enquête de la HSBC menée auprès de 91 banques centrales représentant 65 % des réserves de change mondiales. Il ressort que « l’escalade géopolitique » est le facteur le plus important qui affecte la composition des réserves.

Et l’or ?

La BCE met également en avant dans son rapport une enquête publiée par le Forum officiel des institutions monétaires et financières en juin 2023 qui indique que près de 40 % des banques centrales prévoient d’augmenter leurs réserves de yuans au cours des dix prochaines années.

Quoi qu’il en soit, c’est l’or qui a pour l’instant le vent en poupe. Les achats sont au plus haut historique. Le métal jaune représente désormais près de 20 % de l’ensemble des réserves de change. Les banques centrales ont acheté plus de 1 000 tonnes d’or en 2023.

Fed and ECB money printing (QE) has incited other central banks to buy more and more gold. pic.twitter.com/hofDtWxoX7

— Nicolas Teterel (@NTeterel) June 18, 2024

La Chine fut le plus gros acheteur (225 tonnes). D’après @Goldtelegraph_, près de 30 % des banques centrales prévoient d’augmenter leurs propres réserves au cours de l’année prochaine. La stratégie du tango sino-russe est clairement de restaurer le Gold Standard, ou tout du moins de solidifier leurs monnaies en vue de se passer du billet vert.

Par exemple, plus 80 % des échanges bilatéraux entre l’Iran et la Russie étaient réglés en monnaie nationale, selon le vice-premier ministre russe. Selon des sources russes, 20 pays ont rejoint son Système de transfert de messages financiers (SPFS), l’alternative locale au réseau SWIFT développée par la Banque centrale russe.

Le yuan apparait cependant comme le premier choix. La BCE note que l’Inde n’est pas parvenue à durablement régler ses importations depuis la Russie en roupie. « À la mi-2023, les principales raffineries indiennes ont commencé à utiliser le yuan pour payer les importations de pétrole brut russe », peut-on lire dans le rapport.

A quand le bitcoin en réserve ?

Le bitcoin est déjà une monnaie de réserve pour de petits pays comme le Salvador et le Bhoutan. Le Salvador en possède par exemple plus de 5 000.

En outre, quelques pays en détiennent des quantités significatives suite à des saisies. On estime que 565 000 bitcoins sont détenus par divers pays comme les États-Unis, la Chine, la Bulgarie, etc. Ce qui représente tout de même 40 milliards de dollars. Soit 0.34 % des réserves de change globales.

Nous pourrions éventuellement aussi oser dire que l’ensemble des bitcoins sont des réserves de change. En effet, les réserves d’un pays sont utilisées lorsque ses citoyens achètent quelque chose à l’étranger. De ce point de vue, le bitcoin est une monnaie de réserve en puissance. Avec une capitalisation équivalente à 1 250 milliards de dollars, le bitcoin représente 10 % des réserves de change mondiales !

Le bitcoin est aussi un réseau de paiement réalisant des transferts gigantesques. Les transactions en bitcoins ont représenté environ 1 000 milliards de dollars en 2023. À comparer avec Visa et Mastercard qui traitent 9 000 milliards de dollars par an.

Le bitcoin a des atouts formidables pour tirer son épingle du jeu face à la fragmentation des systèmes de paiement. Apatride, non censurable et réserve de valeur absolue, il est taillé pour devenir la monnaie de référence internationale.

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