Bitcoin - Exode des mineurs américains ?
Un projet de loi assassin pour l’industrie du bitcoin américaine a fait son chemin jusqu’au Congrès US. Sommes-nous à l’aube d’un nouvel exode ?
Remake du « Ban » chinois ?
Fut un temps où la Chine fournissait plus de 60 % de l’énergie du réseau Bitcoin. Cette domination s’est fortement étiolée suite au fameux « ban ». C’était il y a un peu de moins de trois ans.
À l’époque, la consommation d’énergie chuta de 65 % en l’espace de deux mois. Il aura fallu attendre près d’un an pour que le hashrate retourne au plus haut.
Aujourd’hui, la plus grande pool au monde (Foundry) est basée aux États-Unis et plus d’une dizaine de mineurs nord américains sont côtés en bourse. Notamment Cleanspark, Riot, ou encore BitFarms. De grandes pools chinoises demeurent (f2pool, Antpool, Binance), mais elles n’agrègent plus une part dominante du hashrate.
Cet exode fut un mal pour un bien à deux égards. Ce fut une bonne nouvelle pour la décentralisation du Bitcoin, mais aussi pour le climat. Foundry affirme en effet que ses clients consomment 71 % d’électricité verte, ou bien respectueuse des ESG (via la récupération du méthane qui serait autrement torché).
C’est mieux que le mix électrique chinois qui se compose majoritairement de charbon. Ce qui reste de l’énergie hydroélectrique excédentaire de la province chinoise du Sichuan (où de nombreux mineurs chinois opéraient) alimentera finalement l’engouement pour l’IA.
Malgré la main lourde du gouvernement, l’empire du Milieu abrite toujours environ 15 % du hashrate. Ce dernier a depuis triplé, atteignant aujourd’hui 600 EH/s.
Résultat, le Bitcoin s’est en partie débarrassé de son problème de concentration géographique. Et la règlementation américaine pourrait encore améliorer les choses.
Biden menace les mineurs
Comme dit Brian Morgenstern (Riot) : « Bitcoin apporte de la liberté au monde entier. Les États-Unis la défendent depuis des générations. Il est donc logique que l’industrie du bitcoin y prospère ».
Problème, nous observons une nouvelle concentration en Amérique du Nord. Mais peut-être plus pour longtemps vu qu’une taxe de 30 % sur l’électricité des mineurs est dans les cartons.
« Une taxe sur l’utilisation de l’électricité par les mineurs pourrait réduire leur activité et les incidences environnementales qui en découlent », peut-on lire dans le projet de loi.
Cette taxe s’appliquera même à ceux qui ne sont pas directement raccordés au réseau national, comme par exemple ceux qui opèrent près d’éoliennes. Si adoptée, elle elle sera de 10 % la première année, de 20 % la seconde année et de 30 % à partir de 2027.
Ce serait certainement une mauvaise nouvelle pour le mineur Riot qui prévoyait de multiplier son hashrate par dix pour atteindre 100 EH/s. Cela dit, l’équilibre des forces au congrès US suggère qu’il est peu probable que la loi soit passe.
Ce serait néanmoins une très bonne nouvelle pour la décentralisation du Bitcoin. Les mineurs texans représentent en effet déjà plus de 10 % du hashrate mondial. Nous sommes même à plus de 40 % pour l’ensemble de l’Amérique du Nord.
La migration des mineurs vers des sources d’énergie excédentaires et hydrauliques d’Amérique du Sud ou d’Afrique serait bienvenue. Le mineur BitFarms s’est par exemple récemment installé au Paraguay, près du barrage d’Itaipu.
De nombreux mineurs lorgnent également sur l’Argentine qui a également de l’électricité à revendre et, surtout, une pénurie de devises qui plombe le taux de change du péso.
Un exode serait une bonne nouvelle
Tous les pays qui ont un déficit commercial chronique feraient bien de dérouler le tapis rouge aux mineurs de bitcoin. Ne pas avoir en avoir signifie s’exposer à un cercle vicieux :
Déficit commercial => Baisse du taux de change => Inflation => Popularité grandissante du Bitcoin
Or, un pays qui n’a pas ses propres mineurs est obligé d’importer ses bitcoins depuis l’étranger, ce qui aggrave en retour le problème du déficit commercial, etc.
Voilà pourquoi de nombreux pays comme le Liban, le Nigeria ou l’Éthiopie bloquent les plateformes d’achat de bitcoins. Ce qui se passe actuellement au Nigeria avec Binance est un cas d’école.
En 2022, l’Éthiopie a importé pour 23 milliards de dollars de produits et de services, contre seulement 11 milliards de dollars d’exportations. Soit un déficit commercial de 12 milliards de dollars qui plombe la monnaie locale.
D’où la récente décision du pays de miner des bitcoins grâce aux excédents d’électricité de son gigantesque barrage de la renaissance. La plupart des mineurs de bitcoins chinois ont déjà conclu des accords avec la compagnie d’électricité éthiopienne.
Au lieu d’attendre que la demande d’électricité soit là, l’Éthiopie se sert opportunément du bitcoin comme catalyseur pour accélérer sa croissance économique et raboter son déficit commercial.
Les nations se trouvant dans la même situation feraient bien d’adopter la même stratégie. Les contrôles de capitaux finissent toujours pas faire émerger un taux de change parallèle menant tout droit vers l’hyperinflation. Tôt ou tard, les citoyens se tournent vers le bitcoin pour s’en protéger.
Les nations ayant les taux d’inflation les plus élevés devraient avoir pour priorité d’accueillir des mineurs de bitcoins.
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