Bitcoin et Lugano : Interview de Paolo Bortolin et Pietro Poretti
La Suisse est considérée comme un pays charnière dans l’écosystème blockchain. La ville de Lugano est un exemple parfait de l’implication de l’institution publique suisse dans l’évolution de l’adoption du bitcoin et des mœurs. Quel avenir est promis au Web3 dans ce petit pays parmi les leaders de l’industrie ? Dans quelle mesure la Confédération va-t-elle être un acteur clé dans l’adoption du bitcoin, des cryptomonnaies et de la technologie blockchain ? Paolo Bortolin, CFO de la ville de Lugano et chargé du fameux Plan B, ainsi que Pietro Poretti, Directeur du Développement économique à la ville de Lugano, vont répondre à nos questions dans une interview premium aujourd’hui.Tout d’abord merci pour cette interview messieurs. J’aimerais commencer par une question simple :
Selon vous, quel rôle le domaine public doit prendre dans l’adoption du Bitcoin ?
Le secteur public, c’est plusieurs acteurs, répond Paolo Bortolin. La réglementation, le cadre de développement (qui est déjà en route en Suisse pour les impôts par exemple), le secteur public est lui-même un acteur clé de structure pour les citoyens à l’adoption de la blockchain et du bitcoin. Pousser l’adoption grâce à la confiance du secteur public, et son impact sur l’éducation de la population, surenchérit Pietro. Le secteur public suisse veut absolument rattraper le retard qu’il avait pris lors de l’arrivée du Web2 et devenir un hub de l’innovation que la blockchain apporte.
Quel serait le bénéfice pour l’institution publique de militer en faveur de l’adoption du bitcoin ?
Pietro Poretti commence : “Tout ce qui est digital a un potentiel énorme, mais aussi un risque : celui de la division digitale. Tout le monde n’a pas les mêmes capacités d’apprentissage face aux nouvelles technologies. Cela peut rapidement devenir un problème. Le domaine public peut alors utiliser son levier d’action pour éduquer et permettre une meilleure égalité des chances. En adoptant ce type de technologies, et en éduquant la population à l’utiliser, on peut tester des manières d’éduquer le grand public à de nouveaux sujets et penser à améliorer d’autres problèmes grâce à ces manières de faire.”
Paolo ajoute que selon lui, une ville fonctionne dans une certaine mesure comme une entreprise. Avec la blockchain, les processus sont améliorés, tout comme en entreprise ! Bien que ce soit quelque chose de très traditionnel, pourquoi ne pas utiliser cette technologie pour améliorer la gestion administrative de la ville ? L’avancée est plus moderne et plus efficiente pour les institutions, et cela permet de se concentrer sur d’autres problématiques et d’améliorer le niveau de vie.
Paolo, on vous sait à la tête du Plan B comme Bitcoin à Lugano, pensez-vous que ce modèle peut devenir la réalité suisse de demain ?
Les deux invités se sont accordés sur l’avis exprimé par le CFO : “Certainement pour certaines parties. Il y a cinq piliers fondamentaux du plan B, et je pense que le niveau fédéral pourrait s’inspirer du côté éducationnel et encourager la population à se positionner comme un pionnier de l’adoption à l’échelle d’un pays. Le même modèle que Lugano, avec le cashback d’un stablecoin à l’image du LUGA reviendrait à créer une Monnaie Numérique de Banque Centrale (MNBC), mais cela pourrait prendre une forme différente. L’avenir nous le dira, mais le système fiscal par exemple, après quelques cantons, pourrait s’exporter au niveau de la Confédération. Il faut rester pragmatique, pour le moment on a de la chance avec Plan B c’est un succès, mais c’est plus simple à l’échelle d’une ville. Il faut avoir de bons acteurs, et parfois un peu de hasard, comme notre collaboration avec notre plus gros partenaire. C’est toute une culture à mettre en place, et au niveau fédéral, ce sera probablement plus lent.”
La Suisse est très adepte de la finance centralisée. Pensez-vous qu’il y aura un conflit entre la finance traditionnelle et le Web3 ?
Naturellement, Pietro nous répond que le pragmatisme sera de la partie. Les banques, si elles ont un intérêt financier, prendront l’initiative de créer des ponts entre la finance traditionnelle et le Web3 à l’aide d’acteurs comme Wecan Group. D’un point de vue du développement économique, il n’y a aucune raison de penser que ce ne sera pas le cas. La technologie en soi permet de réduire les coûts et d’apporter de la vitesse, donc qu’est-ce qui pourrait mal se passer pour les banques ? Je pense que les acteurs iront main dans la main vers l’innovation, afin de poursuivre leur but premier, à savoir le profit. Son collègue ajoute un mot, en disant que c’est déjà le cas dans le secteur bancaire, et que de beaux projets sont déjà en préparation ou en cours.
Peut-on imaginer une identité officielle directement sur la blockchain, délivrée par la Confédération ?
Selon Paolo, il existe déjà une loi qui permet à la Confédération Helvétique de donner de l’identité sur la blockchain. Elle stipule que la Confédération est la seule entité ayant le droit d’avoir ce type de mandat sur la blockchain. La technologie pourrait effectivement apporter de la valeur au gouvernement, mais je ne pense pas que ce soit leur premier objectif actuellement.
Que manque-t-il à la Suisse pour être le pays “must-to-go” pour les entrepreneurs du Web3 ?
Le directeur du Plan B prend la parole en premier :
Je pense que le pays est déjà très bien équipé, et qu’il est attractif. La position de la Suisse est bonne sur les talents, sur l’innovation et l’attractivité pour les entrepreneurs, les instituts de recherches, les capitaux… Tout peut être perfectionné mais je pense que la Suisse est déjà l’un des acteurs les plus intéressants pour les entreprises blockchain et leurs activités. La stabilité politique et la mentalité entrepreneuriale de la Confédération n’est plus à prouver, et je pense que nous sommes et serons toujours un pionnier dans les prochaines années.
Paolo Bortolin
Son ami rebondit avec un trait d’humour :
Il faudrait quand même que les Suisses acceptent un peu plus l’échec !
Pietro Poretti
D’après nos invités et leur expérience indéniable dans l’écosystème suisse et dans le monde du Web3, la Suisse mérite tout à fait sa renommée. Elle est un leader avancé dans l’adoption du bitcoin, notamment via l’acceptation des taxes en crypto, ou grâce à ses hubs d’adoption comme Lugano. Un leader qui, selon Paolo et Pietro, gardera sa place à l’avenir, pouvant compter sur une institution publique engagée et ouverte à l’innovation. Découvrez plus en détails notre enquête sur la Suisse, Terre d’accueil des cryptos.
À bientôt pour une nouvelle interview de haut vol chez Cointribune !
Maximisez votre expérience Cointribune avec notre programme 'Read to Earn' ! Pour chaque article que vous lisez, gagnez des points et accédez à des récompenses exclusives. Inscrivez-vous dès maintenant et commencez à cumuler des avantages.
L'équipe éditoriale de Cointribune unit ses voix pour s’exprimer sur des thématiques propres aux cryptomonnaies, à l'investissement, au métaverse et aux NFT, tout en s’efforçant de répondre au mieux à vos interrogations.
Les contenus et produits mentionnés sur cette page ne sont en aucun cas approuvés par Cointribune et ne doivent pas être interprétés comme relevant de sa responsabilité.
Cointribune s’efforce de communiquer aux lecteurs toutes informations utiles à disposition, mais ne saurait en garantir l’exactitude et l’exhaustivité. Nous invitons les lecteurs à se renseigner avant toute action relative à l’entreprise, ainsi qu’à assumer l’entière responsabilité de leurs décisions. Cet article ne saurait être considéré comme un conseil en investissement, une offre ou une invitation à l’achat de tous produits ou services.
L’investissement dans des actifs financiers numériques comporte des risques.
Lire plus