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Bitcoin et confiance, une nouvelle vision du monde !

mer 20 Sep 2023 ▪ 18 min de lecture ▪ par Ralph R.
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Internet a transformé la manière d’appréhender le commerce, la loi et la recherche, dans le traitement de l’information. L’innovation du Bitcoin a révolutionné la finance, la logistique … et la confiance, dans le traitement de la valeur. C’est une première dans l’histoire de l’humanité : grâce au Bitcoin, les gens peuvent se faire confiance sans se connaître. Ils peuvent effectuer des transactions monétaires de pair à pair par internet, sans passer par un intermédiaire central de confiance. Là se trouve l’aspect révolutionnaire de l’innovation de Satoshi Nakamoto, toujours inconnu à ce jour. La confiance existe nativement dans le code informatique du protocole décentralisé du Bitcoin, et ne provient plus d’entités centralisées corruptibles. Tentons de décrypter la manière dont la philosophie du Bitcoin redéfinit et objective les rapports de confiance entre les humains.

Bitcoin et confiance

Définition de la notion de confiance

Pourquoi achetons-nous plus cher un produit de marque mondialement connue, à la place d’un produit de la marque du magasin ? Sommes-nous davantage attirés par un restaurant plein et cher que par un restaurant vide et bon marché ? Pourquoi certaines personnes préfèrent-elles payer leurs factures au guichet de leur banque plutôt qu’en ligne ? Sur quels critères choisit-on un hôtel ou un chauffeur Uber ? Pourquoi le bitcoin est-il plus populaire à 30000 $ aujourd’hui, qu’à 1 $ en 2010 ?

Les relations de confiance prennent du temps et de l’énergie à se bâtir. La confiance possède donc une certaine valeur. Un produit/restaurant de marque connue se distingue pour l’impression de sécurité liée à l’historique de la marque en question. Certaines personnes privilégient encore le contact humain à la technologie, à la neutralité et à l’objectivité de services en ligne. Les avis partagés sur internet concernant un hôtel ou un service ont un impact significatif dans notre choix final. Et il a fallu 14 années pour que le protocole Bitcoin démontre la sécurité et l’autonomie qui valorisent son réseau.

Les relations de confiance prennent du temps et de l’énergie à se bâtir
Source : @Gerd Altmann via Pixabay

La confiance est omniprésente et au cœur de toutes nos actions quotidiennes. Prenons deux situations différentes, à des fins d’illustration. Imaginons deux équipes de football qui s’affrontent amicalement, sans arbitre pour superviser la rencontre. Prenons comme deuxième exemple un groupe d’habitants d’une ville ou d’une communauté, sollicités pour un vote. Dans le premier cas, les équipes assument globalement toutes les décisions, mais les litiges sont parfois plus délicats à appréhender. Comment les acteurs du match déterminent-ils par exemple s’il y a une faute dans la surface de réparation ? Dans la deuxième situation, comment s’assurer qu’aucune erreur ne vient altérer les résultats du vote ?

La confiance englobée dans la décentralisation

Dans le cas d’une décision centralisée, un arbitre qui dirigerait les débats éviterait toute ambiguïté dans la résolution des litiges. L’arbitre peut toutefois être soudoyé afin d’orienter les décisions du match. De la même manière, le représentant du bureau de vote comptabiliserait naturellement tous les suffrages des habitants de la communauté. Il pourrait cependant être corrompu et soumis à plusieurs pressions afin d’influencer les résultats du vote. Le contrôle de toute activité sous une même autorité peut engendrer une dérive au niveau des prises de décisions. Bien que naturellement plus pratique, plus rapide et plus efficace, la centralisation des décisions augmente le risque de corruption. Et par conséquent, la confiance envers une seule et même entité centrale est potentiellement douteuse.

La confiance envers une seule et même entité centrale est potentiellement douteuse.
Source : @Gerd Altmann via Pixabay

Dans le cas d’une décision décentralisée ou distribuée, tous les joueurs de football résolvent unanimement les éventuels différends. Certes, la mauvaise foi explicite d’un joueur peut inverser le rapport de force entre les équipes de football. Mais la majorité des joueurs prendra les décisions en fin de compte, tout au long du match. De même, tous les habitants de la communauté pourraient conjointement ou séparément organiser le comptage des votes. Certes, la démarche est lourde et redondante, et le risque d’écarts, pour certains habitants, n’est pas à exclure. Mais une rencontre finale entre les habitants permettrait de finaliser le décompte et d’arriver à un accord global et unanime. Dans tous les cas, le consensus peut présenter certaines défaillances humaines, quant à la confiance. Mais les règles de décentralisation sont claires dès le début. La confiance revêt donc une importance moindre.

Les règles de décentralisation sont claires dès le début. La confiance revêt donc une importance moindre.
Source : @Pete Linforth via Pixabay

La perte de confiance envers les intermédiaires centralisés

Pourrait-on résolument se passer d’acteurs centralisés, en particulier lorsqu’il s’agit de confiance dans le transfert de valeur par internet ? Sans intermédiaire de confiance centralisé, Internet ne sait toutefois gérer que de la copie d’information numérisée. Il ne sait pas nativement appréhender le transfert de valeur digitalisée, de façon décentralisée. À savoir un déplacement d’information au lieu d’une copie d’information. Un email envoyé avec une pièce jointe reste un email copié avec une pièce jointe copiée. Cependant, un transfert de valeur numérisée ne devrait pas permettre d’en faire une copie. Il y va de même pour tout ce qui présente une certaine rareté, comme la monnaie. Autrement dit, l’information se multiplie, tandis que la valeur se divise.

La technologie de transfert de valeur numérique n’existait pas lors de la création des premières versions d’internet. D’où l’explosion de la bancarisation et des intermédiaires financiers dans les années 70 et 80, pour gérer cette valeur numérisée. Ces organes de contrôle centralisés ont longtemps symbolisé la confiance. À l’ère de l’informatisation d’une part, de la numérisation d’information d’autre part, pour arriver à l’ère de la bancarisation.

Ces tiers de confiance centralisés, majoritairement les banques, ne sont cependant ni parfaits, ni complètement honnêtes et dignes de confiance. À l’image de l’arbitre et du représentant du bureau de vote, potentiellement vénaux. À titre d’exemple, le gouvernement libanais a unilatéralement décidé de dévaluer la livre libanaise de 90%, le 1er février 2023. En outre, le gouvernement chypriote a menacé de taxer les dépôts des épargnants pour sauver les banques. Sans compter les amendes faramineuses que reçoivent certaines banques pour malversations financières et manipulation des taux interbancaires.

La perte de confiance envers les intermédiaires centralisés
Source : @Leo via Pixabay

La confiance remplacée par la décentralisation et le code informatique du Bitcoin

La crise financière de 2008 a parfaitement reflété cette dérive et cette défiance envers les tiers de confiance centralisés. Le vacillement du système bancaire a provoqué la perte de confiance des gens, principalement envers leurs banques. C’est dans ce contexte apocalyptique de corruption du système bancaire et de crise de confiance qu’est né le Bitcoin. L’innovation de Satoshi Nakamoto vise à numériser et à transférer la valeur sur internet. Et ce, de pair à pair, en se passant de tous ces intermédiaires de poids centralisés.

Crise financière
Source : @Elchinator via Pixabay

La blockchain Bitcoin est une technologie de stockage de données sous forme de registre distribué et décentralisé. Les informations (transactions monétaires ou autre) ne sont pas stockées sur une base de données centrale. Elles ne sont donc pas contrôlées par une seule entité centrale. En revanche, les serveurs de plusieurs validateurs de la blockchain gèrent ces informations de manière simultanée, sécurisée et synchronisée. Ce qui rend le réseau plus sécurisé et plus difficile à attaquer. En effet, si un de ces serveurs devient dysfonctionnel ou vulnérable, tous les autres continuent d’être opérationnels. Ce qui rend le réseau plus autonome, sans points de défaillances uniques.

Blockchain Bitcoin
Source : @Gerd Altmann via Pixabay

Subjectivité de la centralisation versus objectivité de la décentralisation

Aucun organe central n’a donc le contrôle sur le registre du Bitcoin. Le code informatique du protocole du Bitcoin permet à tous les utilisateurs d’avoir un consensus unanime sur l’état du registre. Et ce, de manière décentralisée et irréfutable, selon les règles des mathématiques, des probabilités et de la logique. Le protocole du Bitcoin permet de s’échanger de la valeur de pair à pair sans intermédiaire central de confiance. La décentralisation permet d’écarter automatiquement la notion de confiance humaine entre individus pour s’échanger de la valeur. Ce qui fait du bitcoin une monnaie neutre, incensurable et surtout incorruptible par une seule entité centrale. En d’autres termes, l’objectivité de la technologie du Bitcoin supplante la subjectivité de l’humain, quant à la confiance.

L’objectivité de la technologie du Bitcoin supplante la subjectivité de l’humain, quant à la confiance
Source : @Gerd Altmann via Pixabay

La monnaie, une technologie de confiance dévoyée par les humains

Néanmoins, le bitcoin ne se définit pas uniquement comme une simple monnaie. Il représente également un code numérique qui s’apparente à un numéro de série. Le code informatique du protocole décentralisé sécurise la valeur, l’unicité et la rareté numérique de ce numéro. À titre de comparaison, le billet de banque s’identifie également par un numéro de série. Des polymères et des hologrammes garantissent en revanche la valeur et l’unicité de ce numéro. Enfin, durant l’Ancien Régime, les gens limaient souvent les pièces de monnaie pour extraire le métal précieux. Isaac Newton a trouvé la solution en ajoutant des listels crantés sur le bord des pièces. En cas d’absence de ces cannelures, les pièces n’avaient plus de valeur. Le bitcoin (cash numérique décentralisé) et le cash (pièces et billets) démontrent que la monnaie est une technologie de confiance.

La monnaie est une technologie de confiance.
Source : @Gerd Altmann via Pixabay

Les humains ont cependant constamment dévoyé cette confiance au fil du temps. À titre d’exemple, les gouvernements dévaluent souvent l’argent au détriment des épargnants. Le dollar a cessé d’être adossé à l’or depuis la fin des accords de Bretton Woods. Sans compter l’impression monétaire délirante ou le faux-monnayage. De même, les romains coupaient souvent le bord des pièces d’or, pour récupérer le précieux métal. Il s’en est ensuivi une perte de confiance en ces pièces, résultat subséquent d’un mélange d’or, d’argent et de cuivre. L’être humain est, de fait, intrinsèquement imparfait et corruptible. Les relations de confiance qui prennent du temps à se nouer, peuvent donc se détériorer très rapidement. Les humains ont toujours contrôlé, centralisé, convoité et perverti la monnaie. Et une technologie de confiance peut tout aussi rapidement devenir un instrument de pouvoir et de nuisance.

Les humains ont toujours contrôlé, centralisé, convoité et perverti la monnaie. Et une technologie de confiance peut tout aussi rapidement devenir un instrument de pouvoir et de nuisance.
Source : @3D Animation Production Company via Pixabay

Le Bitcoin, l’ADN de la confiance cristallisée dans un code informatique

En revanche, les humains ne peuvent pas dévoyer la confiance personnifiée dans le code informatique décentralisé du Bitcoin. Bitcoin nous enseigne que la monnaie est une technologie qui doit nécessairement évoluer. Il a révélé les failles technologiques et humaines dans les systèmes monétaires actuels et passés depuis des siècles. D’une part, l’inflation est fixe dans le protocole, ce qui n’est pas le cas de la plupart des monnaies fiat. D’autre part, Bitcoin remet le pouvoir monétaire dans les mains de la population, et non dans celles d’entités centralisées corruptibles. Chaque humain peut potentiellement être un émetteur de bitcoins, et la population représente sa propre banque centrale. Avec le protocole du Bitcoin, nous retrouvons la sécurité et l’autonomie qui incarnent cette confiance dénuée de toute subjectivité.

Avec le protocole du Bitcoin, nous retrouvons la sécurité et l’autonomie qui incarnent cette confiance dénuée de toute subjectivité.
Source : @Jan Alexander via Pixabay

Le code informatique du Bitcoin ne fait cependant pas disparaitre complètement l’humain. Ce dernier reste au centre de cette technologie blockchain, suivant le principe de la démocratie monétaire. Tout être humain pourrait certes tenter de corrompre le protocole en centralisant 51% de la puissance de calcul totale du réseau. Outre l’impossibilité de la démarche, il n’aurait aucun intérêt économique à le faire. La valeur du bitcoin serait alors détruite. À titre de comparaison, un faux-monnayeur possédera davantage de (faux) billets de banque, s’il ne se fait pas attraper. Un potentiel hackeur n’aura aucun bénéfice à corrompre le protocole, excepté celui d’être le royaume d’un actif à valeur nulle. Là se trouve en effet toute la résilience du Bitcoin, et de la confiance neutre qu’il incarne. Il n’existe aucun rapport coût-bénéfice à tenter de déjouer la confiance personnifiée dans le protocole du Bitcoin.

Résilience du Bitcoin
Source : @Franz Bachinger via Pixabay

Supprimer les intermédiaires de confiance centralisés … pour recréer d’autres intermédiaires

En conséquence, les intermédiaires centralisés sont voués à disparaitre via la technologie de la blockchain décentralisée. Néanmoins, d’autres applications et services remplaceront ces tiers de confiance dans le futur, et seront développés sur la blockchain. À titre d’exemple, le code informatique du protocole ne peut pas gérer les différents transferts de bitcoins via une interface. Il n’est certes plus nécessaire de passer par une banque pour échanger des bitcoins. Mais transiger par une plateforme d’échange via une interface client est requis. Les banques vont certainement devoir se renouveler. Supprimer l’entité centralisée Airbnb ne dispense pas d’avoir une interface client qui met en relation les propriétaires et les locataires. La blockchain ne va pas décentraliser ou éliminer tous les services, mais va les transformer. En d’autres termes, la blockchain supprime les intermédiaires de confiance pour en recréer de nouveaux, mais sous une autre forme.

La blockchain supprime les intermédiaires de confiance pour en recréer de nouveaux, mais sous une autre forme.
Source : @Gerd Altmann via Pixabay

La blockchain décentralisée constitue une innovation de rupture. Nous ne parlons pas ici de blockchains centralisées qui correspondent davantage à une technologie d’optimisation incrémentale ou d’amélioration de l’existant. La blockchain représente un nouveau concept disruptif à part entière, se reposant sur le concept de décentralisation, donc de confiance. Les entreprises souhaitant s’approprier la blockchain devront par conséquent revoir leurs modèles d’affaire en profondeur. Elles ne pourront pas conserver leurs modèles existants et y insérer la technologie de la blockchain décentralisée de manière fluide. La principale erreur des entreprises sera de garantir leurs acquis par la technologie, au lieu de les remettre en question.

Refonder entièrement les rapports de confiance via la technologie

À titre d’illustration, certaines entreprises ont voulu adopter la technologie d’internet en 2000 pour tenter d’améliorer leurs modèles d’affaires existants. Au lieu de repenser leurs stratégies de fond en comble. Les compagnies de musique ou entreprises cinématographiques ont notamment cherché à contrôler la gestion des œuvres numériques. Et ce, par la technologie, suite au déclin des ventes physiques de CD et de DVD. Via la gestion des droits numériques, ces entreprises ont voulu, à tort, limiter l’accès et le partage des œuvres numériques. D’autres ont, au contraire, réinventé de nouveaux modèles d’affaires innovants, basés sur le partage et le streaming audio et vidéo. Et le marché de la vidéo/l’audio à la demande est progressivement devenu prépondérant. Internet a disrupté les modes de communication, le partage de films et de musique, dans le traitement de l’information.

Marché de la vidéo à la demande
Marché de la vidéo à la demande
Chiffre d'affaires de l'industrie musicale dans le monde par type de ventes, de 1999 à 2022
Chiffre d’affaires de l’industrie musicale dans le monde par type de ventes

À l’instar d’internet qui a formidablement démocratisé le partage d’information, la blockchain constituera à l’avenir l’infrastructure des échanges de valeur. Selon l’exemple précédent, les industries de la musique et du cinéma devront désormais revoir leur mode de transfert de valeur. Les plateformes centralisées de streaming audio et vidéo devront rémunérer plus équitablement les créateurs de contenus artistiques. Afin que ces plateformes, qui devront se réinventer complètement ou disparaitre, ne s’approprient pas indûment le travail des artistes. D’autres secteurs comme les réseaux sociaux vont devoir se renouveler et se décentraliser, notamment concernant l’exploitation inique des données personnelles. La philosophie du Bitcoin va inévitablement transformer en profondeur les relations de confiance dans la gestion de la valeur numérique. Entre-autres, dans les domaines de la finance, des chaines d’approvisionnement, de la propriété numérique et de l’art en général.

Vidéo à la demande
Source : @Claudia Dewald via Pixabay

Bitcoin et confiance, un nouveau paradigme

La révolution du Bitcoin laisse présager un nouveau monde, où les gens peuvent s’autogérer grâce à la technologie. Et ce, en se passant d’organes de contrôle centralisés, axés notamment sur des décisions humaines parfois injustes et inégalitaires. Faire davantage confiance à un algorithme objectif qu’à des intermédiaires subjectifs et sensibles à l’imperfection des humains, semble plus pertinent. La technologie de la blockchain Bitcoin incarne la sécurité et une confiance objective, en appartenant à tout le monde. Elle a le pouvoir de recréer de nouvelles relations de confiance, trop souvent mises à mal par l’être humain. La blockchain décentralisée n’est cependant pas la panacée. Elle a la capacité de révolutionner notre société et nos organisations, uniquement si ces dernières modifient radicalement leurs modèles d’affaires. À toutes ces organisations de définir de nouvelles stratégies et l’utilité qu’elles souhaitent accorder à cette innovation. Sous peine de disparaitre et de perdre notre confiance.

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Ralph R.

Consultant international en gestion de projet. Ingénieur de formation, avec une maîtrise en administration des affaires (M.B.A.) et affaires internationales d’HEC Montréal. Passionné de technologie et de cryptomonnaies depuis 2016.

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