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Bitcoin (BTC) : L'inflation continue de s'envoler

jeu 31 Mar 2022 ▪ 7 min de lecture ▪ par Nicolas T.

L’inflation continue d’accélérer partout dans le monde et la zone euro ne fait certainement pas exception, d’autant plus que son approvisionnement en énergie russe est sur la sellette. Chaque jour qui passe augmente le risque de voir l’inflation exploser en même temps que la valeur du bitcoin (BTC).

Pourquoi tant d’inflation ?

Pour plusieurs raisons. La première est énergétique. Nous avons franchi le pic de pétrole conventionnel en 2007. Depuis, nous en produisons de moins en moins…

La croissante du pétrole de Schiste américain a pris le relais, mais cette béquille ne tiendra pas très longtemps. La reine des énergies se tarit, ce qui pèse inéluctablement sur la productivité. Moins de pétrole = moins de transports = moins de production = inflation.

À cette fatalité physique vient désormais s’ajouter la rébellion des BRICS contre le système monétaire international, la chasse gardée de l’occident. Nous en tirions jusqu’à présent le « fameux privilège exorbitant », à savoir afficher un déficit commercial sans que le taux de change ne s’écroule.

Sauf que l’heure de faire les comptes a sonné. Face aux pics de ressources naturelles qui se font sentir, l’inflation est devenue inévitable. Les monnaies des pays occidentaux qui vivent au-dessus de leurs moyens (balances commerciales chroniquement déficitaires) vont se déprécier.

La seconde raison est la perturbation des chaînes d’approvisionnement suite aux fermetures des ports chinois sous prétexte de cas Covid, sans parler des « lockdowns ». Shanghai, une ville de 25 millions d’habitants, est actuellement en lockdown… L’augmentation des cyberattaques n’est pas non étrangère à au cas dans la logistique mondiale.

La troisième raison est bien entendu « l’opération spéciale » russe en Ukraine, un pays qui fournit beaucoup de matières première. Sans parler du bras de fer autour du gaz sur lequel nous allons revenir.

Nous pourrions aussi citer le fait que les banques centrales impriment sans relâche pour permettre d’enfler la bulle d’endettement. Mais votre serviteur est convaincu que l’augmentation de la dette (et donc de la masse monétaire) n’est que la conséquence de la raréfaction énergétique.

Bref, les derniers chiffres d’inflation sont tombés. Les prix ont augmenté de près de 10 % en Espagne au cours de l’année passée. À ce rythme, les prix auront doublé d’ici à 6 ans à peine, soit une division par deux du pouvoir d’achat.

La France n’est pas en reste. L’inflation annuelle s’est établie à 5.1 %. À ce rythme, les prix auront augmenté de 50 % d’ici à 6 ans. Soit une baisse de 33 % du pouvoir d’achat, à moins que les salaires n’augmentent d’autant entre temps. Peu probable…

En Italie, 7 %. En Allemagne, 7.6 %, comme pour l’ensemble de la zone euro où les prix de l’énergie sont en hausse de 44 % sur un an…

Pour la comparaison, nous en sommes à 8.5 % aux États-Unis. Bien entendu, comme en Europe, ce chiffre est loin du compte puisqu’il n’inclut pas les choses véritablement désirables comme les actions de bourse où la pierre. L’immobilier est par exemple en hausse de 20 % aux États-Unis…

Une bien meilleure façon de contrôler l’inflation est de regarder à quel rythme la masse monétaire augmente. Cette dernière est en augmentation de 6.3 % sur un an. Nous étions à 12 % en 2020 :

M3 est un agrégat monétaire. Il représente la quantité d’euros en circulation dans l’économie/ Ce graphique représente la croissance de M3 en pourcentage d’une année sur l’autre / Source : BCE

Cette masse monétaire est directement liée à la croissance des prêts offerts aux ménages, entreprises et États. Sur un an, les prêts aux États ont augmenté de 10 %. Nous sommes à 4.4 % pour les ménages et les entreprises.

Le gaz brûle entre la Russie et l’UE

Comme expliqué plus haut, nous subissons désormais l’inflation importée puisque l’UE importe la majorité de son énergie (58 % en 2020). Dont 25 % de Russie, avec qui nous risquons la rupture d’approvisionnement si nous ne dégelons pas ses réserves de change. Résultat, les prix à l’importation sont en hausse de 26 % en Allemagne.

[Soit dit en passant, en 2020, le bouquet énergétique de l’UE se composait à 35 % de pétrole, 24 % de gaz naturel, 17 % d’énergies renouvelables, 13 % d’énergie nucléaire et 11 % de combustibles fossiles solides. Source : europa.eu]

Aux dernières nouvelles, la situation reste tendue. Le chancelier allemand Scholz a déclaré que « l’Allemagne pourra être indépendante du pétrole et du charbon russe d’ici à la fin de l’année ». « Cela prendra plus de temps pour le gaz ».

Espérons. Mais à quel prix ? Et que ce passera-t-il si la Russie coupait le gaz maintenant ? Un rationnement de l’électricité en Europe ?

Le ministre de l’Économie allemand, M. Habeck, affirmait ce jeudi être « préparé à quoi que Poutine décide de faire à propos du gaz »...

Le président Russe a répondu que « la Russie ne livrera pas de gaz aux clients occidentaux refusant de payer en roubles ». « Des paiements en rouble renforceront la souveraineté de la Russie », a-t-il lancé. « Nous avons toutes les raisons de penser que l’UE a cessé de payer pour nos livraisons de gaz depuis le gel des réserves de change de la Russie en euros. »

« Ouvrez des comptes en roubles dans les banques russes. »
« Si ces paiements ne sont pas effectués, nous considérerons cela comme un défaut de paiement. »
« Personne ne nous vend rien gratuitement, et nous ne ferons pas de travail de charité. C’est-à-dire que les contrats existants seront arrêtés ».

En parallèle à ce dialogue de sourds, la diplomatie russe s’active en coulisse pour rallier les BRICS à sa cause. La Chine a déjà fait savoir que Moscou est son plus grand allié. L’Inde a pour sa part déjà accepté de commercer en rouble et roupie.

Le ministre des Affaires étrangères russe, M. Lavrov, était justement en visite à Pékin ce mercredi 30 mars, avant de rendre visite aujourd’hui à son homologue Indien. Voici certaines de ses déclarations lourdes de sens :

« L’Occident est l’acteur dominant du monde depuis plus de 500 ans maintenant. Une ère différente, celle de la formation d’un ordre international multipolaire, est maintenant arrivée. De nouveaux poids lourds économiques nationaux sont apparus et ils ne veulent pas accepter les valeurs néolibérales imposées par l’Occident. »

Il faut s’attendre au pire, et donc à une inflation potentiellement massive qui incitera des millions d’européens à se ruer vers la valeur refuge qu’est le bitcoin. Ce dernier est en hausse de 25 % depuis le début du conflit en Ukraine.

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Nicolas T.

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