Bitcoin (BTC) et rareté numérique
Nous assistons à la faillite d’un système monétaire et bancaire à bout de souffle. Les politiques monétaires désastreuses et l’inflation incontrôlée expliquent cet écroulement. Les banques centrales ont tenté jadis de sauver l’économie en injectant massivement des liquidités dans le système financier. Cette initiative, née suite à la crise de la Covid, a été suivie d’une hausse drastique des taux directeurs. Ce qui a mis en péril bon nombre de dettes souveraines. Les monnaies devenues hyper-inflationnistes ne remplissent plus leur rôle de réserve de valeur. La confiance envers les monnaies comme le dollar s’effrite, et le cycle monétaire du dollar touche inexorablement à sa fin. L’urgence d’une monnaie neutre, transparente, décentralisée et surtout rare se manifeste progressivement. C’est précisément la mission du Bitcoin, dont la rareté numérique absolue est gravée dans le marbre de son protocole. Tentons de démystifier cette notion de rareté numérique, garante d’une réserve de valeur fiable.
Internet versus Bitcoin, information versus valeur, duplication versus rareté numérique
Sans intermédiaire de confiance centralisé, Internet ne sait gérer que de la copie d’information numérisée. Toutefois, il ne sait pas nativement appréhender le transfert de valeur numérisée. À savoir un déplacement d’information au lieu d’une copie d’information. Un email envoyé avec une pièce jointe reste un email copié avec une pièce jointe copiée. Cependant, un transfert de données personnelles par exemple ne devrait pas permettre d’en faire une copie. Il y va de même pour tout ce qui concerne la valeur numérisée présentant une certaine rareté, comme la monnaie. Autrement dit, l’information se multiplie (copier-coller), tandis que la valeur se divise (couper-coller).
La technologie de transfert de valeur numérique n’existait pas lors de la création des premières versions d’internet. D’où l’essor de la bancarisation et des intermédiaires financiers dans les années 70 et 80, pour gérer cette valeur numérisée. Ces tiers de confiance centralisés, majoritairement les banques, impliquent des enjeux opérationnels, économiques et écologiques importants. L’intention stratégique du bitcoin (BTC) vise donc à numériser et à raréfier la valeur sur internet. Et ce, de pair à pair, en se passant de ces intermédiaires de poids.
Nous pouvons par conséquent définir clairement la notion générale de rareté numérique. Cette dernière caractérise l’absence de duplication de valeur sur internet. Appliquée spécifiquement au protocole du BTC, elle garantit par ailleurs l’absence tiers de confiance centralisé. La rareté numérique du bitcoin permet donc de résoudre le problème de la double dépense, sans intermédiaire centralisé. Bitcoin représente de l’information de valeur non duplicable (à l’opposé d’internet, qui représente de l’information duplicable). Cependant, comment le protocole du Bitcoin gère-t-il cette rareté numérique sur internet ?
Rappel de la définition du minage de bitcoin
Le rôle des mineurs consiste à sélectionner les transactions BTC et à sécuriser les blocs de transactions. En d’autres termes, sécuriser le réseau Bitcoin, dans le cadre de la preuve de travail. Les mineurs sont en compétition pour trouver la solution d’une équation mathématique, afin de sécuriser les transactions non encore inscrites dans la blockchain. Cette clé permet de verrouiller le contenu d’un bloc et de le rendre inaltérable. Dès qu’un mineur trouve la combinaison gagnante, il gagne le droit d’ajouter son nouveau bloc aux autres blocs de la blockchain du réseau BTC. Le mineur gagnant récolte des BTC nouvellement créés, ainsi que les frais de toutes les transactions BTC du bloc concerné.
La mission de l’ensemble des validateurs du protocole consiste à vérifier unanimement et instantanément la conformité du bloc ainsi sécurisé. Autrement dit, approuver le travail des mineurs et assurer l’intégrité du réseau. Contrairement à la gestion inflationniste calamiteuse court-termiste des monnaies fiat, le minage représente l’unique moyen de créer de nouveaux bitcoins.
Le halving, garant de la rareté numérique du bitcoin
La récompense attribuée au mineur gagnant pour chaque bloc miné toutes les 10 minutes est divisée par deux tous les 210 000 blocs. Cet événement, appelé halving, survient donc environ tous les quatre ans, et est prévu dans moins d’un an. Cette récompense était de 50 BTC jusqu’en 2012, de 25 BTC jusqu’en 2016, et de 12,5 BTC jusqu’en 2020. Elle est actuellement de 6,25 BTC, et sera ainsi de 3,125 lors du prochain halving en 2024. Cette inflation de nouveaux bitcoins tendra vers 0 à l’horizon 2140. Le nombre de nouveaux bitcoins créés à chaque bloc miné est ancré dans le marbre du code informatique du protocole.
Cette règle de création de nouveaux bitcoins implique que l’émission totale de bitcoins ne dépassera jamais 21 millions d’unités. Également gravée dans le marbre du code informatique du protocole, cette limite ne sera jamais augmentée. Cela va à l’encontre des intérêts des détenteurs de bitcoins qui sont, de surcroit, de plus en plus nombreux. Mais aussi des mineurs et des validateurs en nombre croissant, qui sont les premiers protecteurs du protocole. La preuve de travail permet donc de contrôler et de réguler l’inflation et la création de nouveaux bitcoins. Ce mécanisme de consensus, associé au halving, raréfie progressivement l’offre de bitcoins, contribuant ainsi à sa rareté numérique.
La difficulté de minage, garante de la rareté numérique du bitcoin
Par ailleurs, la sécurité du réseau dépend du nombre de mineurs en activité et de leur puissance de calcul déployée. Plus les mineurs sont nombreux et le hashrate élevé, plus le problème numérique à résoudre est complexe, plus la difficulté de minage est élevée, et plus le réseau est sécurisé. Les chances d’élucider l’équation mathématique pour un mineur dépendent également de la quantité d’énergie qu’il consomme. Par conséquent, plus la puissance de calcul d’un mineur est élevée, meilleures sont ses chances de sécuriser les blocs. La difficulté de minage s’ajuste en fonction du nombre de mineurs et des avancées technologiques des équipements de minage. La difficulté de minage, en augmentation actuellement, permet d’assurer l’inflation prédéfinie du bitcoin et de pérenniser sa rareté numérique. À l’image des machines d’extraction aurifère de plus en plus sophistiquées, à mesure que l’or devient plus rare et inaccessible.
Le Stock-to-Flow, indicateur de la rareté numérique du bitcoin
Un des indicateurs les plus pertinents de mesure de la rareté du bitcoin est le modèle Stock-to-Flow. Pour rappel, le Stock-to-Flow représente le ratio entre la quantité disponible sur le marché et la quantité émise progressivement. Plus le Stock-to-Flow augmente, plus l’actif est rare. Concernant le halving du Bitcoin, lorsque la quantité émise est divisée par deux, le Stock-to-Flow augmente. Ce qui est un indicateur de renforcement de la rareté numérique du bitcoin. Plus la quantité émise de nouveaux bitcoins diminue, plus le Stock-to-Flow augmente, et plus le bitcoin devient rare. À titre de comparaison, l’or possède un excellent Stock-to-Flow (66), égal à celui du bitcoin à l’heure actuelle. Ce qui signifie qu’il faudrait 66 années pour doubler le stock d’or ou de bitcoins disponibles actuellement. Toutes choses étant égales par ailleurs, c’est-à-dire que la quantité émise reste fixe. Ce qui n’est certainement pas le cas pour le bitcoin.
Néanmoins, la rareté de l’or n’est pas garantie, contrairement à celle du bitcoin. Il existe une quantité d’or potentiellement exploitable dans l’espace. Par ailleurs, un gisement a récemment été découvert en Ouganda. Enfin, les avancées technologiques sur l’extraction aurifère pourraient augmenter la quantité d’or émise et diminuer le Stock-to-Flow de l’or. L’incertitude autour de la rareté de l’or contraste avec la rareté numérique du bitcoin en augmentation avec les halvings futurs. Le Stock-to-Flow du bitcoin va inévitablement dépasser celui de l’or au prochain halving prévu en 2024. Du fait de la règle immuable de division de la quantité de nouveaux bitcoins par deux tous les 4 ans.
Rareté physique de l’or versus rareté numérique du Bitcoin
Comparons la rareté numérique du bitcoin avec la rareté physique de l’or, qui a traversé environ cinq millénaires avec succès. L’or impose une contrainte physique aux états, qui ne peuvent naturellement pas créer artificiellement de l’or. Le bitcoin possède une contrainte physique qui lui impose une inflation fixe dans le code informatique immuable de son protocole. Le bitcoin et l’or ne sont donc pas des monnaies ou réserves de valeur contrôlables et pilotables par les états. Ce qui leur confère leurs raretés respectives.
Il existe toutefois une différence entre les deux actifs en termes d’évolution historique. Avec l’émergence du numérique, la non-évolutivité de l’or, jadis sa qualité indéniable, est progressivement devenue sa principale faiblesse. Le Bitcoin (l’or numérique) représente cette solution technologique et numérique de réserve de valeur rare, à l’image de l’or. Toutefois, le Bitcoin a l’avantage concurrentiel d’être programmable, ce qui lui permet d’être plus adaptable au fil du temps. Satoshi Nakamoto permet de réhabiliter de manière numérique les caractéristiques de la rareté de l’or avec les technologiques digitales d’aujourd’hui. Et ce, afin de régler le problème de possession numérique sur internet. L’avènement du numérique incite également à transiger avec une réserve de valeur davantage transportable et divisible que l’or.
La rareté, une question d’anti-fragilité
Concernant le concept de rareté, Bitcoin est donc technologiquement supérieur à l’or, et le concurrencera dans les années à venir. Le bitcoin tend donc à dépasser l’or comme réserve de valeur rare dans le futur. Cependant, va-t-il perdurer dans le temps en qualité de réserve de valeur, comme l’or durant 5 millénaires ? Et par conséquent son anti-fragilité est-elle supérieure à celle de l’or ? Pour rappel, l’anti-fragilité représente la capacité à résister aux chocs externes, à se renforcer et à devenir plus résilient.
L’or est naturellement anti-fragile, grâce à ses caractéristiques physiques intrinsèques et son historique de plusieurs millénaires. Le bitcoin est également anti-fragile, car les conditions de sa création ne seront jamais reproduites dans le futur. Le réseau Bitcoin devient par ailleurs de plus en plus sécurisé et décentralisé. Le Bitcoin possède certes un historique de 14 années beaucoup moins conséquent que celui de l’or. Toutefois, l’innovation du Bitcoin lui confère une meilleure anti-fragilité dans le futur. Le pouvoir disruptif du Bitcoin à l’ère du numérique déstabilise une situation établie depuis longtemps par l’or, en dehors de l’affermissement du numérique.
Toutes les expériences monétaires menées afin de détrôner l’or comme réserve de valeur se sont en effet soldées par des revers… jusqu’à l’arrivée du bitcoin. Et ce, en raison de la volonté des gouvernements d’avoir la mainmise absolue sur la monnaie. Ou de la corrompre, de la dénaturer, de la dévaloriser et de la rendre moins rare en l’imprimant sans limites. Ce contrôle est de fait impossible à instaurer avec l’or, ni avec le protocole décentralisé et incensurable du bitcoin. Ce dernier suit la direction de l’évolution globale technologique et numérique qui exige l’innovation permanente. En d’autres termes, l’ère du numérique a imposé à l’or certaines limitations que le Bitcoin surpasse.
L’anti-fragilité, une question d’effet de réseau
L’or n’est pas duplicable, ce qui lui confère sa rareté physique. Il n’en est pas de même pour le bitcoin, dont le code est open source et disponible à tous. Il est donc possible de créer un nouveau protocole semblable à celui du bitcoin, ce qui affaiblirait son anti-fragilité. À condition toutefois de réunir le même consensus social sur le nouveau protocole que sur celui du Bitcoin. C’est l’avantage de l’effet de réseau du bitcoin, dont la puissance est décuplée lorsque le réseau s’élargit. Et, de fait, il devient inattaquable et difficile à reproduire, selon la loi de Metcalfe. Il est donc possible de dupliquer le protocole du Bitcoin. Il est en revanche impossible de reproduire son effet de réseau grandissant, ce qui renforce d’autant plus sa rareté numérique. Cet avantage concurrentiel consolide également les propriétés du Bitcoin en termes de réserve de valeur, de par sa position monopolistique.
Cet effet de réseau croissant risque-t-il cependant d’être dépassé dans le futur, mettant ainsi en danger l’anti-fragilité affirmée du Bitcoin ? Il faudrait pour cela que la technologie du protocole du Bitcoin soit elle-même dépassée, voire complètement disruptée. Ce qui semble une nouvelle fois improbable, voire impossible, eu égard aux propriétés d’anti-fragilité susmentionnées du Bitcoin. Dont celle, non négligeable, d’être par conséquent un protocole communautaire, acéphale, sécurisé, décentralisé, neutre, transparent, inarrêtable et en demande exponentielle.
Conclusion
La monnaie a toujours été convoitée pour devenir un instrument de pouvoir, de contrôle et de nuisance, en tant qu’extension des appareils diplomatiques. Les gouvernements ont toujours contrôlé la monnaie et, de fait, corrompu ses caractéristiques initiales en la rendant hyper-inflationniste. Les épargnants, premières victimes de ces politiques inflationnistes délirantes, se tourneront inévitablement vers d’autres actifs rares. L’or et le bitcoin seront de toute évidence des actifs de choix, en qualité de réserves de confiance rares. Ces actifs ne sont pas sous la mainmise des états, et conserveront donc leurs valeurs au travers de leurs raretés. À l’ère du digital, le Bitcoin présente toutefois de meilleures perspectives en termes de future réserve de valeur mondiale. L’offre totale du bitcoin est limitée, et la quantité de nouvelles unités diminue invariablement. En outre, l’augmentation régulière de la difficulté de minage sécurise davantage son réseau et, de fait, son incontestable rareté numérique.
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Consultant international en gestion de projet. Ingénieur de formation, avec une maîtrise en administration des affaires (M.B.A.) et affaires internationales d’HEC Montréal. Passionné de technologie et de cryptomonnaies depuis 2016.
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