Binance de nouveau fragilisé
Après Signature Bank, Binance perd un nouveau partenaire important : Paxos. En cause, son stablecoin BUSD (Binance-USD) qui dérange la SEC et le NYDFS.
Stablecoin
Une ombre planait au-dessus du BUSD depuis début janvier, lorsque Binance a reconnu que son stablecoin n’avait « pas toujours été couvert à 100 % ».
Depuis, la Securities and Exchange commission (SEC) et le New York Department of Financial Services (NYDFS) ont fait leur enquête. Résultat, le NYDFS vient d’interdire toute émission supplémentaire de BUSD.
Ce stablecoin est géré par la société Paxos, en tandem avec Binance. Avec 16 milliards d’unités en circulation, il se place en troisième position derrière ses concurrents USDC (41 milliards) et Tether (70 milliards).
Les stablecoins servent surtout à vendre ses cryptomonnaies sans que cela ne constitue un évènement taxable. Les traders apprécient également l’absence des habituels frais et délais de conversion vers le dollar.
Pour rappel, un stablecoin est censé maintenir une parité parfaite 1-1 avec le dollar. Cette parité fixe nécessite de garder un dollar en réserve pour chaque BUSD émis.
Mais pourquoi le NYDFS s’attaque au BUSB puisque Paxos affirme pourtant sur son site que son stablecoin est entièrement garanti par des dollars ainsi que des bons du Trésor américain ?
Il y a deux BUSD !
Paxos se porte garant pour ses BUSD, mais pas ceux émis par l’exchange de CZ. Binance crée en effet des Binance-Peg BUSD qui sont souvent amalgamés avec les BUSD de Paxos.
Mais il ne s’agit pas du même stablcoin. Paxos clarifie d’ailleurs la différence sur son site :
« Binance, notre partenaire commercial pour BUSD, émet ses propres tokens qui s’appellent des Binance-Peg BUSD. Notez que le Binance-Peg BUSD est strictement un produit Binance. Il n’est pas émis par Paxos ni règlementé par le NYDFS. […] Il y a des avantages et des risques associés à chaque produit, c’est pourquoi vous devez comprendre la conception, les nuances et les différences de tout actif que vous acquérez. »
La grosse nuance étant que les Binance-Peg BUSD n’ont « pas toujours été couvert à 100 % »…
Binance explique également cette différence (uniquement en anglais…) sur son site :
« Outre Paxos qui émet des BUSD sur la blockchain Ethereum, Binance propose un « wrapped » BUSD, appelé Binance-Peg BUSD.
BUSD est émis sur Ethereum, ce qui limite son utilisation en dehors de l’écosystème Ethereum. Afin d’étendre l’utilité de BUSD à d’autres blockchains, Binance offre une version « wrapped » du stablecoin qui s’appelle Binance-Peg BUSD. Il est conçu pour maintenir une parité 1-1 avec le stablecoin original BUSD.
Le « wrapping » est un jargon que l’on utilise lorsque l’on crée des versions de l’actif original qui sont transportables sur d’autres blockchains dans le but d’augmenter l’interopérabilité et l’interconnexion entre actifs numériques. Normalement, la mise sous séquestre de l’actif original garantie la valeur des « wrapped » tokens, ce qui est le cas avec Binance-Peg BUSD. »
« Normalement » et, surtout, « pas toujours »…
Les cachoteries de Binance
Il existe environ 5 milliards de Binance-Peg BUSD. Ou, devrions-nous dire, des « wrapped » stablecoins n’ayant « pas toujours été couverts à 100 % ». Bloomberg rapporte que le trou dans la raquette a parfois atteint 1 milliard de dollars…
DataFinnovation a en effet découvert que le solde de vrais BUSD fut régulièrement inférieur à la quantité de Binance-peg BUSD circulant. Ce qui signifie que, d’une manière ou d’une autre, quelqu’un créait des BUSD ex nihilo :
Bref, en tout état de cause, si Paxos n’a plus le droit d’émettre de nouveaux BUSD, il est impossible de créer plus de Binance-Peg BUSD. In fine, cela signifie que les traders de certains shitcoins exotiques ne pourront plus déboucler leurs positions sans devoir le déclarer aux impôts.
A moins que… A moins que les traders décident de déboucler leurs positions en se réfugiant dans le BNB qui est le token natif de Binance (l’équivalent du FTT pour FTX). Le CEO de Binance semble approuver ce choix si l’on en croit ses commentaires sur certains tweets.
Mais ne serait-ce pas prendre un gros risque ? En effet, le BNB n’est pas un stablecoin, loin de là…
Au total, 200 millions de tokens BNB ont été créés, dont la moitié vendue lors de l’ICO de 2017 au prix de $0.10 pièce ! L’autre moitié, créée ex nihilo, fut offerte à l’équipe de Changpeng Zhao (80 millions) et quelques « business angels » (20 millions) !
Il est vrai que l’exchange de CZ « brûle » des BNB tous les trimestres et promet de le faire jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que 100 millions. Encore faut-il avoir confiance…
En outre, combien de « Business Angels » détiennent encore des millions de BNB obtenus à 0.10 $ ? Quel sera l’impact sur l’investissement des derniers arrivés en cas de vente massive des BNB de ces investisseurs de la première heure ?
Tout cela pour dire que le BNB n’a rien à voir avec un stablecoin couvert à 100 %. À bon entendeur…
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