Bientôt une "réserve stratégique de bitcoins" russe ?
Le gouvernement russe a mis un pied dans l’industrie du bitcoin. Ce soutien n’est probablement pas étranger à l’ambition de faire émerger un système monétaire international plus juste.
La Russie mise sur le bitcoin
La croissance de l’industrie du Bitcoin russe dépasse désormais celle des États-Unis selon Igor Runets, PDG de BitRiver.
« L’année dernière, nous avons rattrapé les États-Unis en termes de taux de croissance et l’écart en valeur absolue se réduit », a-t-il déclaré aux médias locaux.
D’après lui, le hashrate russe pourrait dépasser celui des États-Unis au cours des deux ou trois prochaines années. Les récentes lois sur le mining devraient accélérer les choses. Elles incitent les sociétés pétrolières à s’associer avec les mineurs de BTC pour exploiter le gaz autrement gaspillé dans des torchères.
Bitriver gère 21 installations éparpillées aux quatre coins de la Sibérie. Dix autres sites sont en construction. D’après le PDG de l’exchange russe Kickex, la Russie représenterait déjà 17 % de la puissance mondiale.
Pour la comparaison, la part des États-Unis tourne autour de 35 % :
« Le hashrate combiné des 14 mineurs américains côtés en bourse a augmenté d’environ 70 % depuis le début de l’année (+80 EH/s) pour atteindre 194 EH/s. C’est plus rapide que l’augmentation globale de 33 % du hashrate. Ces mineurs représentent aujourd’hui près de 29 % du hashrate global », peut-on lire dans le récent rapport de JP Morgan.
La perception du Bitcoin par les autorités russes est si positive que BitRiver a dévoilé un partenariat avec le Russian Direct Investment Fund (RDIF) lors du dernier sommet des BRICS.
Cet accord parle en façade de centres de données en lien avec l’intelligence artificielle, mais Bitriver est une compagnie dédiée à 100 % à l’industrie du Bitcoin… L’introduction de Bitriver aux BRICS ne surprend pas quand on sait que les États-Unis s’apprêtent à créer une « réserve stratégique de bitcoins » :
L’échec de la banque centrale russe
L’attrait de la Russie pour le bitcoin était inévitable. Rappelons que les banques russes ont été déconnectées du réseau SWIFT et que ses réserves de change (~300 milliards d’euros) demeurent gelées.
Selon la société de surveillance Chainalysis, la Russie se sert du bitcoin pour contourner les sanctions occidentales. Le président Vladimir Poutine a récemment signé une loi autorisant les entreprises à effectuer des transactions internationales en bitcoins sous la supervision de la banque centrale russe.
Ce feu vert discret intervient alors que les efforts de la banque centrale n’ont pas eu les résultats escomptés. Le rouble numérique (CBDC) a du plomb dans l’aile maintenant que la banque des règlements internationaux s’est retirée du projet mBridge. Son système SFPS analogue au réseau SWIFT est également à la peine.
Ces échecs tiennent au fait que les États-Unis menacent les banques étrangères de fermer leurs comptes en dollars si elles se connectent au réseau SFPS. Convaincre les grandes banques des BRICS et du reste du monde prendra du temps.
A moins que l’Europe et les États-Unis n’annulent le gel des 300 milliards russes, les systèmes monétaires alternatifs comme le bitcoin ne peuvent que prospérer. C’est en essence ce qu’a déclaré le président russe cette semaine à l’occasion d’un Forum de discussion organisé par le think tank moscovite Valdaï Club :
« Nous n’abandonnons pas le dollar. Ce sont les États-Unis qui refusent que nous l’utilisions. C’est stupide de leur part vu qu’il est est le pilier de la puissance américaine. Son utilisation en tant que moyen de paiement ne décline pas tant que ça, mais son rôle de monnaie de réserve diminue graduellement. […] Nos propositions ne sont pas dirigées contre le dollar. Elles reflètent simplement notre adaptation au monde moderne. Nous réfléchissons aux outils de paiement du futur. »
Bitcoin, la monnaie de réserve du futur
Washington sait que la part du dollar dans les réserves de change globale va inéluctablement baisser. Les BRICS ne reviendront pas en arrière.
En clair, l’Amérique devra bien se résoudre à résorber son déficit commercial, sans quoi le dollar s’effondrera face au refus des grandes nations exportatrices de placer leurs excédents commerciaux dans les bons du Trésor US.
Le programme économique de Donald Trump va dans ce sens. Nous pouvons y lire :
« Nous donnerons la priorité aux producteurs américains plutôt qu’aux sous-traitants étrangers. Nous ramènerons nos chaînes d’approvisionnement essentielles dans notre pays. Notre déficit commercial atteint plus de mille milliards de dollars par an. Nous mettrons en place des taxes douanières sur les produits fabriqués à l’étranger. »
Les républicains savent que le privilège exorbitant consistant à profiter d’une balance chroniquement déficitaire ne pourra pas s’éterniser sans conséquence pour le billet vert.
Le monde va converger vers un système monétaire plus neutre. Le dollar, l’euro, le yuan et le réseau SWIFT ne sont pas près de disparaître, mais des alternatives vont fleurir. L’Or en est une si l’on en croit les achats records des banques centrales.
L’alternative bitcoin a toutefois des avantages immenses comme le fait d’exister en quantité finie (alors que l’on extrait chaque année toujours plus d’or). Il est une réserve de valeur absolue, attribut indispensable d’une monnaie de réserve digne de ce nom.
Le Bitcoin est en outre un réseau de paiement en même temps qu’une monnaie, deux-en-un. Les transactions sont quasiment gratuites et instantanées, entre autres avantages.
Il ne reste plus qu’à la Chine de retourner sa veste. En attendant, le vieux continent demeure le dindon de la farce grâce aux technocrates bruxellois et francfortois.
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