Bientôt du ménage chez Bitcoin Core ?

Le potentiel retour aux affaires du mainteneur Bitcoin Core Wladimir van der Laan fait des émules. Va-t-il reprendre les choses en main ?

Retour d’un vétéran

Wladimir van der Laan est le plus expérimenté des mainteneurs Bitcoin Core. Il s’était retiré en 2022 à cause des actions en justice de Craig Wright (faketoshi) et de son acolyte, le milliardaire Calvin Ayre.

Il s’est exprimé sur son blog suite au revers judiciaire de Craig Wright :

« Je n’en ai pas cru mes oreilles lorsque j’ai entendu le juge déclarer que :

-CSW n’est pas l’auteur du Bitcoin White Paper.
-CSW n’est pas la personne ayant communiqué sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto entre 2008 et 2011.
-CSW n’est pas la personne qui a créé le système Bitcoin.
-CSW n’est pas l’auteur des premières versions du logiciel Bitcoin.

Après des années de manipulation et de harcèlement (je viens de remarquer que mon premier message à ce sujet date de 2016, lorsque Gavin Andresen tomba sous son influence), je ne m’attendais pas à ce que le système juridique fasse preuve d’autant de bon sens.

N’oubliez jamais : Craig Wright est un imposteur. Non seulement cela, mais une personne absolument détestable qui utilise sa fraude comme prétexte pour ruiner des vies. Il mérite ce qui lui arrive. Ou tout simplement d’être oublié.

Maintenant que c’est terminé, il se peut que je redevienne plus actif. Mais je ne promets rien. Les dernières années ont été difficiles pour moi, pour cette raison et pour d’autres. Mais le fait que cette histoire soit derrière moi m’enlève une bonne épine du pied. »

Pour rappel, Bitcoin Core est l’implémentation du protocole Bitcoin utilisé par plus de 95 % des nœuds. Son code est entretenu par des centaines de contributeurs.

Une poignée de développeurs appelés « maintainers » ont le pouvoir d’autoriser les modifications du code. Il s’agit de Michael Ford, Andrew Chow, Russ Yanofsky, Gloria Zhao et Hennadii Stepanov.

Après Satoshi Nakamoto et Gavin Andresen, Wladimir van der Laan fut le troisième à chapeauter Bitcoin Core. Sa place de mainteneur en chef (« project lead ») est restée vacante suite à son départ.

Voici l’historique des mainteneurs de Bitcoin Core :

Mis à part Michael Ford, les mainteneurs actuels n’ont pas beaucoup d’expérience. Certains, probablement trop jeunes pour une telle responsabilité, ont d’ailleurs mal réagi face aux récentes pressions vis-à-vis des ordinals et autres inscriptions.

Le possible retour d’un développeur aguerri sera peut-être l’occasion de remettre de l’ordre. En effet, la fronde gronde vis-à-vis des ordinals et autres inscriptions ponziennes qui encrassent la blockchain.

Jimmy Song étrille les ordinals

Le développeur Bitcoin Core Jimmy Song a publié un long message sur Nostr pour s’ériger contre le cirque des inscriptions :

« Les deux dernières années furent fructueuses pour le Bitcoin. La soft fork Taproot a débloqué de nouvelles possibilités intéressantes. Comme par exemple les signatures Schnorr qui permettent de réduire la taille des transactions nécessaires pour ouvrir des canaux sur le réseau Lightning Network. […]

Je préférerais parler de ces véritables innovations, mais me voilà obligé de m’occuper d’une stupide et immorale escroquerie : les ordinal. Ces inscriptions ont été popularisées par les types de Taproot Wizards, c’est-à-dire ‘d’anciens’ maximalistes en colère. Leur but est de se venger après avoir été humiliés pour leur soutien à toute une série d’escroqueries comme BlockFi, Celsius et, bien sûr, FTX. […]

Demandez à n’importe quel partisan des ordinals ce qu’ils apportent au bitcoin. Il recentrera immédiatement la discussion sur le fait que le protocole ne leur interdit pas de faire ce qu’ils veulent. Mais ce n’est pas parce qu’on peut faire quelque chose qu’on doit le faire. Pour paraphraser Chris Rock, on peut conduire avec ses pieds, mais ce n’est pas une bonne idée pour autant. […]

Si vous les pressez, ils répondront qu’ils participent au budget sécurité en enrichissant les mineurs. Ou bien qu’ils sapent les autres plateformes de lancement d’altcoins. Autant d’arguments extrêmement faibles. […]

Ce que je reproche aux ordinals et aux NFT en général, c’est qu’il n’y a aucune raison technique pour qu’ils soient sur une blockchain. Ils sont déjà clairement centralisés. Vous ne pouvez pas regarder un ordinal sans un logiciel spécial et étranger au protocole Bitcoin. Et c’est encore un autre tiers de confiance qui décide si l’ordinal vous appartient ou non. […]

D’un point de vue purement technique, héberger un projet centralisé sur une blockchain, et qui plus est, sur la blockchain décentralisée du Bitcoin, n’a aucun sens. […] La seule motivation ne peut qu’être de créer le buzz en les présentant comme un plus pour le Bitcoin. C’est comme dire que le spam aide à l’adoption du courrier électronique. »

Nous recommandons chaudement aux anglophiles de lire le communiqué entier de Jimmy Song.

Nombreux sont ceux qui se réfugient derrière l’argument que filtrer les ordinals via une mise à jour de Bitcoin Core serait une censure inacceptable. Mais là encore, il s’agit d’un argument fallacieux.

Dans un système décentralisé, chacun a le droit de ne pas relayer des transactions. Mon nœud, ma politique de relai des transactions !

Les mainteneurs Bitcoin Core auraient dû fournir rapidement un bouton pour que chacun puisse choisir de filtrer la crasse des ordinals. Et non pas choisir de réécrire furtivement la documentation du Github en catimini.

Quelle erreur… Tout cela pour ne pas avoir à confronter le CEO de Bitcoin Magazine David Bailey qui, sans scrupules, a fait des inscriptions un fonds de commerce. Notre article complet sur cette apathie pusillanime indigne de Bitcoin Core : Les développeurs Bitcoin Core sous le feu des critiques.

Heureusement, le développeur Luke Dash a publié le patch Ordirespector. Espérons que le retour de Wladimir van der Laan le rendra bientôt redondant.