BCE : Où en est-on avec le projet CBDC européenne ?

Vendredi dernier, Fabio Panetta, un membre du directoire de la Banque centrale européenne, était revenu sur le projet CBDC européenne. Il a évoqué plusieurs détails quant à l’avancement des recherches concernant cette monnaie numérique. Pour lui, les banques commerciales sont des acteurs incontournables dans le processus.

CBDC en Europe, « une nécessité »

Le 8 avril dernier, l’IESE Business School Banking Initiative a organisé une conférence sur la technologie et la finance qui a vu notamment la participation de Fabio Panetta. Lors de son intervention, ce membre du directoire de la BCE parlait de l’état actuel des recherches sur une CBDC de banque centrale de détail.

Pour lui, une CBDC européenne est « susceptible de devenir une nécessité ». Mais il a tenu d’avertir que :

« Elles ne doivent pas devenir une source de perturbation financière qui pourrait nuire à la transmission de la politique monétaire dans la zone euro. »

À Panetta d’ajouter que les banques commerciales ont un rôle dans le maintien de la stabilité financière dans l’introduction de la monnaie numérique. Grâce à leur implication, il y aura les avantages suivants :

– les banques commerciales continueront à fournir des services en amont ;

– les banques centrales auront à tirer des leçons à partir de leur expérience concernant l’accueil des clients et la lutte contre le blanchiment d’argent.

Une éventualité prévue dans un document de travail publié par la FED (États-Unis) en janvier dernier. Y figure notamment une mention du rôle potentiel des intermédiaires financiers dans la préservation de la vie privée des consommateurs. À noter que la Banque centrale européenne a déjà abordé les questions de protection de la vie privée.

Projet CBDC européenne, prélude à la fin du fiat ?

« Au fur et à mesure que la demande d’argent liquide s’affaiblit, l’émission de CBDC pourrait garantir que la monnaie souveraine continue à jouer son rôle de soutien de la confiance dans l’argent et les paiements », dixit M. Panetta. Mais ce dernier a aussi misé sur la concurrence entre les banques tout « en réduisant le pouvoir de marché des banques et en améliorant les conditions contractuelles pour les clients ».

Dans son intervention, Panetta a également évoqué l’existence des recherches sur les interactions potentielles complexes entre les CBDC et la politique monétaire. Ces recherches illustrent en effet l’importance d’une conception soignée des CBDC en Europe.

Ainsi, il a dit :

« Nous devons résoudre le ‘trilemme de la CBDC’ selon lequel les objectifs des banques centrales en matière d’efficacité des paiements, de stabilité financière et de stabilité des prix ne peuvent pas tous être atteints ensemble. »

Toutefois, le projet CBDC européenne pourrait connaître des difficultés comme l’évolution rapide d’autres formes d’actifs numériques. « [Leur] émergence aux côtés de la monnaie fiduciaire au coures des dix dernières années a été soudaine et a eu un effet massif – semblable à l’explosion cambrienne d’il y a 20 à 25 millions d’années. »

Cela n’empêchera pas la survenue d’une CBDC Europe adéquate, capable d’équilibrer l’influence des autres actifs numériques. Cette monnaie de banque centrale créerait « des risques pour la souveraineté monétaire, les fonctions de prêteur en dernier ressort des banques centrales et la stabilité financière. »

Conclusion

Il n’est pas rare de rencontrer des employés de banques centrales comme Fabio Panetta se soucier de la question de souveraineté monétaire après l’invasion des actifs cryptographiques comme le Bitcoin (BTC). Bien sûr, une réplique de type CBDC européenne pourrait bien arranger les choses du côté des institutions bancaires et du gouvernement. Mais les cryptos ne se laisseront facilement pas intimider, si cela est le but ultime des banques centrales.

Source : Cointelegraph