Bayrou : La République est sur le point de tomber !
La République française connaît un nouveau soubresaut institutionnel avec la nomination forcée de François Bayrou à Matignon. La Vᵉ République, est-elle sur le point de tomber ? Oui.
Bayrou face à la crise de régime
La matinée du 13 décembre 2024 restera dans les annales politiques comme le symbole d’un régime en pleine décomposition.
Emmanuel Macron a finalement dû céder face à la pression du patron du MoDem. Le déroulement des événements : à 5 h du matin, le président appelle François Bayrou pour lui annoncer qu’il ne sera pas Premier ministre, lui préférant Roland Lescure.
La réaction de Bayrou est immédiate : il se précipite à l’Élysée pour un entretien tendu de 1 h 45 avec le président.
Durant cette confrontation, le leader centriste brandit la menace d’un retrait des 36 députés MoDem de la majorité présidentielle. Face à ce chantage politique, Emmanuel Macron finit par plier, créant un précédent historique : un Premier ministre s’impose face à la volonté initiale du président.
François Bayrou : expert en combines politiques
La personnalité même de François Bayrou soulève des questions. Présenté comme un modéré capable de rassembler, son parcours politique révèle plutôt un personnage clivant.
Son expérience gouvernementale remonte aux années 90, où il fut ministre de l’Éducation nationale. Depuis, il s’est maintenu sur la scène politique principalement grâce à sa position centrale et ses ralliements stratégiques, notamment son soutien à Emmanuel Macron en 2017.
Sa récente relaxe dans une affaire d’assistants parlementaires en février 2024 lui a permis de revenir sur le devant de la scène politique. Auparavant placardisé au Commissariat au Plan, Bayrou a immédiatement tenté de reprendre le fil de ses ambitions contrariées, visant notamment Matignon dès le départ d’Élisabeth Borne.
Une majorité parlementaire plus fragilisée que jamais
La base parlementaire du nouveau Premier ministre apparaît particulièrement étroite. Avec seulement 36 députés MoDem, François Bayrou dispose d’une assise parlementaire plus faible que son prédécesseur Michel Barnier, qui pouvait compter sur environ 45 députés LR. Cette fragilité numérique s’accompagne de tensions politiques majeures.
Les socialistes ont annoncé leur intention de ne pas voter la censure, mais cette position pourrait évoluer si La France Insoumise dépose une motion.
Le Rassemblement National, bien que déclarant ne pas vouloir censurer « a priori », pourrait difficilement justifier auprès de son électorat un soutien à Bayrou.
Attal contre Bayrou
Le nouveau Premier ministre doit également faire face à des oppositions au sein même du camp présidentiel. Édouard Philippe, Gabriel Attal et Bruno Le Maire, qui nourrissent tous des ambitions présidentielles, n’ont aucun intérêt à voir Bayrou réussir.
Une réussite à Matignon pourrait en effet le positionner comme un potentiel candidat pour 2027.
Cette situation rappelle le sort de Michel Barnier, dont le court passage à Matignon a été miné par les ambitions rivales. Pour Bayrou, la situation s’annonce encore plus complexe, car il opère sur le même terrain politique que ses concurrents potentiels.
La fin de la démocratie en France
La nomination de François Bayrou intervient dans un contexte de profonde crise de légitimité démocratique. Les sondages sont accablants : 77 % des Français ne souhaitaient pas sa nomination comme Premier ministre.
Plus grave encore, près des deux tiers des Français se déclarent favorables à la démission d’Emmanuel Macron.
Cette situation crée un paradoxe institutionnel : un président profondément affaibli continue d’exercer seul le pouvoir de nomination du Premier ministre, alors même que sa légitimité populaire est fortement contestée. La succession accélérée des Premiers ministres illustre cette instabilité croissante :
- Édouard Philippe : 3 ans ;
- Jean Castex : 2 ans ;
- Élisabeth Borne : 1,5 an ;
- Gabriel Attal : 6 mois ;
- Michel Barnier : 3 mois
Cette tendance au raccourcissement des mandats laisse présager une durée particulièrement brève pour le gouvernement Bayrou.
Bayrou et le défi du budget
Le nouveau Premier ministre doit affronter des échéances cruciales à très court terme. Le vote du budget 2025 représente un test majeur pour sa capacité à constituer des majorités.
Sans budget voté, le fonctionnement de l’État pourrait être gravement perturbé.
François Bayrou a d’ores et déjà indiqué que l’immigration et les retraites ne feraient pas partie des priorités gouvernementales. Cette position apparaît en décalage avec les préoccupations majeures des Français, risquant d’accentuer encore le fossé entre gouvernants et gouvernés.
Bayrou : comme un air de Guillaume II
La situation actuelle présente des similitudes troublantes avec la fin de l’Empire allemand en 1918. À l’époque, le Kaiser Guillaume II, face à une situation politique détériorée, avait nommé Max de Bade comme chancelier dans une tentative de parlementarisation du régime. Un mois plus tard, le régime s’effondrait.
Ces parallèles historiques suggèrent que la nomination de Bayrou pourrait marquer non pas une solution à la crise, mais une nouvelle étape dans la décomposition du régime de la Ve République.
La République tombera
Si le gouvernement Bayrou venait à chuter rapidement, deux scénarios pourraient s’imposer :
- Le recours à l’article 16 par Emmanuel Macron, déjà évoqué par certains juristes ;
- La démission du président, poussé par une crise sociale et politique majeure.
Dans tous les cas, la nomination de François Bayrou apparaît moins comme une solution que comme un nouveau symptôme de la crise profonde qui affecte les institutions de la Vᵉ République, et dont les conséquences économiques pour la France sont particulièrement préoccupantes. Sommes-nous à son crépuscule ?
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