Aux États-Unis, les fonds de pensions s’intéressent aux cryptomonnaies

En avril dernier, le fonds américain de gestion des pensions, Fidelity Investments, a attiré les feux de projecteurs en incluant la possibilité pour les personnes qui détiennent un compte d’épargne retraite 401(k) d’investir une partie de leur épargne retraite directement dans le bitcoin. Depuis lors, les avis sur la question se sont révélés très divergents. Évidemment, il y a ceux qui estiment que le bitcoin et les cryptomonnaies en général sont des actifs trop volatils pour qu’on y engage son bas de laine. D’autres, en revanche, estiment qu’il est infantilisant que le gouvernement veuille dicter au citoyen les actifs sur lesquels il doit investir ses propres ressources.

Si cette question entraîne autant de passion aux États-Unis, c’est d’abord parce que le sujet abordé va bien au-delà du seul projet de Fidelity. Michael Sonnenshein, le PDG de Grayscale Investments, le dira d’ailleurs clairement : bien plus de fonds de pension envisagent d’ouvrir à leurs épargnants les possibilités d’investir dans le bitcoin.

Les fonds de pensions se tournent vers les cryptomonnaies

Le 10 juin dernier, Michael Sonnenshein a accordé une interview à CNBC. Au cours de cette interview, Sonnenshein, en tant que PDG d’une société qui assure la gestion d’actifs numériques, revient sur la polémique en cours et affirme que Fidelity n’est pas le seul fonds de gestion des pensions qui soit dans ce cas, mais que d’autres fonds du même sous-secteur analysent la possibilité de diversifier leurs portefeuilles avec des investissements sur les actifs digitaux. Il a déclaré en effet : « Nous passons du temps avec des politiciens et certaines des plus grandes pensions et dotations axées sur la diversification de leurs portefeuilles et l’exploration active des allocations de cryptomonnaies. C’est un type de consensus différent ».

Le précédent Fidelity Investments

Il est aisé de comprendre et d’accorder foi au propos de Sonnenshein quand on sait qu’il y a seulement quelques jours, un prestataire de services de retraite 401(k), ForUsAll, a poursuivi le département du travail américain en justice parce que celui-ci avait publié un communiqué dit d’aide à la conformité et qui devait avoir pour effet d’empêcher les fonds de pension de proposer des investissements sur les cryptomonnaies. De même, les sénateurs Elizabeth Warren et Tim Smith ont fait observer qu’il pourrait y avoir un conflit d’intérêt au niveau du gestionnaire de fonds.

En réplique, le sénateur Tuberville a soumis au Sénat le projet d’une loi, le « Financial Freedom Act » qui clame la liberté du citoyen de faire de ses ressources la gestion qu’il aura choisie, sans interférence ni ingérence des pouvoirs publics.

Le 5 mai, le sénateur Tuberville a affirmé dans l’éditorial de CNBC : « Le gouvernement fédéral n’a pas à s’immiscer dans la capacité des travailleurs américains à investir leur épargne dans un plan 401(k) comme ils l’entendent. »

La plus grande crainte qu’évoque ceux qui s’opposent à l’investissement de l’épargne retraite dans les cryptoactifs, c’est l’extrême volatilité de ces produits. Pour le PDG de Grayscale, cependant, la volatilité n’est pas vraiment un frein si l’on se positionne sur le long terme.

L’interview du PDG de Grayscale révèle l’ampleur que peut prendre cette polémique puisqu’il ne s’agit plus de Fidelity seule. Il nous semble judicieux de rappeler que dans le cas de Fidelity, l’investissement sur le bitcoin ne peut concerner que 20 % de l’épargne, c’est dire que le travailleur qui épargne n’est pas appelé à déposer l’entièreté de son épargne sur les cryptomonnaies.