Atlas, l'outil de surveillance du Bitcoin de la BRI

La banque des règlements internationaux (BRI) développe un outil nommé Atlas visant à surveiller les transactions réalisées en bitcoin.

Le projet Atlas

En tandem avec les banques centrales allemande et hollandaise, la BRI a lancé le projet Atlas. Son but est de cartographier les flux internationaux de bitcoin (et d’altcoins).

Le logiciel combine les données des exchanges avec les données publiques obtenues en faisant tourner un nœud bitcoin. C’est assez cocasse pour être mentionné.

« Le projet Atlas crée une infrastructure permettant de collecter des données granulaires et agrégées […] à partir de sources publiques et privées », peut-on lire dans le rapport.

L’attention se porte surtout sur les transactions entre exchanges dont les localisations géographiques permettent d’estimer les flux internationaux de bitcoins.

Le rapport explique par ailleurs comment utiliser les données publiques pour relier des entités à des adresses :

« La première étape consiste à regrouper les adresses contrôlées par une même entité à l’aide d’une heuristique de regroupement (clustering heuristic). La deuxième étape est de représenter les flux entre entités contrôlant plusieurs adresses. Une troisième consiste à découvrir les flux d’argent pertinents. »

Plusieurs techniques permettent en effet d’associer des bitcoins à des entités uniques. On parle d’heuristiques qui sont des déductions à partir des informations révélées à chaque transaction.

Il est par exemple très probable que les utxo (les BTC) apportés en entrée d’une transaction appartiennent tous à la même personne. On parle de « Common Input Ownership Heuristic » en anglais.

De même, plusieurs utxo liés à la même adresse ont toutes les chances d’appartenir à la même personne. D’où l’impératif d’utiliser de nouvelles adresses à chaque fois que l’on reçoit des bitcoins.

Bitcoin CoinJoin

Jusque-là, rien de nouveau sous le soleil puisque des firmes comme chainalysis fouillent déjà dans les entrailles de la blockchain.

En revanche, soulignons que la BRI insiste sur le fait que les adresses bitcoin peuvent être « désanonymisées et reliées à des entités du monde réel à l’aide d’informations publiques et privées ».

En temps normal, seul un tribunal peut ordonner à un exchange de révéler les noms de clients dont les adresses sont suspectées d’être liées à des activités criminelles.

De telles données peuvent toutefois fuiter suite à un hack. La BRI déclare en outre que « les sociétés privées proposent de plus en plus de données dans le cadre de leur modèle d’entreprise. […] Atlas utilise des données exclusives fournies par Iknaio research. »

Les banques centrales seraient bien aise d’obtenir des exchanges les noms associés aux adresses de retrait de leurs clients. Espérons que cela n’arrive jamais. La BRI reconnaît cependant que les coinjoins peuvent réduire à néant ses capacités de surveillance.

Les coinjoins sont des transactions rassemblant différentes personnes. Chacune apporte un ou plusieurs utxo en entrée de transaction en vue de créer en sortie de nombreux utxo de mêmes montants.

Il est alors impossible pour une firme de surveillance de deviner quels bitcoins appartiennent à qui. Les cartes sont redistribuées pour ainsi dire.

Il est primordial de faire un coinjoin après avoir retiré ses bitcoins des exchanges. Trois wallets proposent cette option très appréciable : Samourai, Wasabi et Trezor.

La BRI concède aussi qu’il est difficile d’obtenir des données fiables et précises. Elle remarque toutefois que les exchanges révèlent de plus en plus leurs adresses via la « preuve de réserves »…

Cette donnée est très précieuse pour l’objectif d’Atlas qui est d’abord de révéler les flux de bitcoins entre exchanges au niveau global. D’où le nom : Atlas.