Analyse BTC/USD - Semaine 31
Le Bitcoin reprend des couleurs malgré les resserrements monétaires qui n’ont à l’évidence pas les résultats escomptés vis-à-vis de l’inflation.
Pétrole, géopolitique et planche à billets
Commençons par célébrer le jour de l’indépendance du bitcoin. Nous fêtions ce lundi 1er août le soft fork qui sonna la fin de la « Big Block War ». À l’époque (2017), Bitmain voulu augmenter la taille des blocs via un hard fork. Ce qui déboucha in fine sur la création de Bitcoin Cash.
Le but était d’accroître le débit de transactions. Difficile en effet d’huiler les échanges mondiaux avec sept transactions par seconde. Sauf que l’augmentation inéluctable de la taille des nodes anéantirait sa décentralisation en raison des frais en disques durs. Cette fausse bonne idée fut logiquement rejetée. Depuis, le Lightning Network a réglé le problème.
Parenthèse refermée. Venons-en à BTC/USD. Nous avons réussi à grappiller du terrain alors que la FED continue de rehausser le loyer de l’argent. Moody’s s’attend à ce que le taux directeur atteigne 4 % d’ici mars 2023.
La BCE s’est également mis au diapason. À reculons. Christine Lagarde l’a dit : relever les taux ne pourra pas contrer l’immense inflation que la Russie peut provoquer à loisir en fermant le robinet de gaz.
Par ailleurs, la BCE a déjà promis qu’elle fera tourner la planche à billets pour s’assurer que les taux d’emprunt des gouvernements ne s’envolent pas…
Les États-Unis sont un peu moins vulnérables étant donné leur fragile indépendance énergétique. Pourtant, l’inflation y est aussi élevée qu’en Europe (9 % par an). Ce qui suggère que le pire est à venir pour notre vieux continent dépourvu d’énergie fossile.
Et puis, le mal est déjà fait. Comme disait Karl Otto Pöhl, ancien président de la Bundesbank :
« L’inflation, c’est comme le dentifrice : une fois sorti du tube, il est impossible de le remettre dedans ; ainsi, il vaut mieux ne pas appuyer trop fort sur le tube ».
Remplacez « inflation » par « dette » et tout s’éclaire. Celle du gouvernement français a augmenté de 125 % depuis le pic de pétrole conventionnel de 2007. Pendant ce temps, le PIB réel (la production) a quasiment stagné (+10 %)…
Il n’y pas de secrets. Faire autant de dette en si peu de temps est le symptôme d’une économie déclinante ayant tôt ou tard rendez-vous avec l’inflation. L’UE ne fait plus illusion.
Le fait que les pays producteurs de pétrole rechignent à produire davantage doit aussi nous mettre la puce à l’oreille. Les sources de pétrole les plus faciles à extraire et les plus proches de l’endroit où elles sont nécessaires se sont taries, nous laissant avec des gisements toujours plus coûteux à exploiter.
À ce titre, suivez de près la réunion de l’OPEC+ ce mercredi. Le « + » signifie que la Russie sera présente. Et probablement qu’elle fera discrètement pression pour que le cartel n’investisse pas plus dans ses capacités de production.
« Je pense qu’ils ne feront pas grand-chose », a déclaré Christof Ruhl, analyste au Center on Global Energy Policy de l’université Columbia. « Ils vont se contenter de belles paroles sans faire grand-chose de plus dans les faits ». « Ils s’inquiètent sincèrement d’une récession ».
« On ne sait absolument pas dans quelle mesure l’Arabie saoudite va augmenter sa production », a déclaré Jan Stuart, spécialiste de l’énergie, à Bloomberg. « Les Saoudiens ne veulent jamais donner l’impression qu’ils accordent aux Américains un quelconque traitement de faveur ». « Quoi qu’il en soit, nous ne pensons pas que Riyad ait tant de marge de manœuvre que ça [pour rehausser sa production]. »
Dit autrement, les prix de l’énergie ne risquent pas de s’apaiser. D’autant plus que cette inflation sert la stratégie de la Russie qui exhorte le monde à cesser d’utiliser le dollar.
Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s’est montré limpide devant l’Union Africaine la semaine dernière :
« Si les États-Unis et l’Union européenne – à la demande des États-Unis – ont décidé de geler les réserves de change russes – et qu’ils entament maintenant sérieusement un processus juridique pour confisquer cet argent – qui sait… Ils pourraient faire de même à quelqu’un d’autre demain ou après-demain. Je n’ai pas le moindre doute qu’ils n’hésiteront pas à geler les réserves de tout autre pays qui les irriterait d’une manière ou d’une autre. Pour parler franchement, la dépendance au dollar comme monnaie internationale n’est pas très prometteuse. Ce n’est pas par hasard que de plus en plus de pays se tournent vers l’utilisation de monnaies alternatives. Notamment leurs propres monnaies nationales. Ce processus va s’accélérer. »
M. Lavrov a tenu les mêmes propos quelques jours plus tôt face aux 22 pays de la Ligue arabe.
Nous sommes au beau milieu d’une guerre monétaire, énergétique et militaire. Dans ce contexte, pourquoi se délester de ses bitcoins ? N’est-il pas le candidat le plus sérieux au titre de monnaie de réserve d’un monde multipolaire ?
Sans oublier que l’inflation dépend largement de facteurs sur lesquels les banques centrales n’ont pas d’emprise. Monter les taux ne fera pas magiquement jaillir du pétrole à New York.
Pire, aux États-Unis, la hausse des taux d’intérêt pourrait s’avérer être un coup dur pour l’industrie du pétrole de schiste qui n’arrivait déjà pas à gagner de l’argent avec des taux au plancher…
Terminons avec l’imbroglio taïwanais qui pourrait bien pousser la Chine à des représailles économiques de très mauvais augure pour l’inflation. Sans parler du fait que Taïwan est le leader mondial des semi-conducteurs…
HODL!
Résumé de l’analyse On-Chain hebdomadaire de GlassNode
Malheureusement, GlassNode observe que « l’activité actuelle du réseau suggère que la demande pour le BTC a du mal à s’étoffer ».
Le nombre d’adresses actives reste orienté à la baisse. En moyenne hebdomadaire, environ 900 000 adresses sont actives. Ce chiffre était de 1.1 million en novembre dernier, lorsque le bitcoin valait plus de 70 000 $.
Le nombre transactions par seconde et les frais manquent également d’allant pour suggérer qu’un bull run serait imminent. Seulement 3 transactions par seconde en moyenne et 13 BTC par jour collecté en frais de transaction par les mineurs.
Or les bull market s’accompagnent généralement de frais élevés. Ces derniers « sont souvent l’un des premiers signaux de reprise de la demande », rappelle GlassNode. Et voici un graphique pour s’en convaincre :
Il faut aussi prendre en compte que la croissance du réseau Lightning Network qui permet de réaliser des transactions off-chain. De plus en plus d’exchanges et de wallets s’y sont connectés.
GlassNode l’a souligné dans son rapport:
« Sur une note plus positive, notons que le Lightning Network ne cesse de s’accroître. Il s’y trouve désormais plus de 4 400 BTC. Soit une hausse de 19 % au cours des deux derniers mois, malgré le bear market. Cette métrique […] est une bonne jauge de l’effet de réseau. »
L’effet réseau est très important puisque d’après la loi de Metcalfe, la valeur d’un réseau est proportionnelle au carré du nombre d’utilisateurs.
En somme, GN estime que « sous la surface, la demande observée on-chain reste terne ». « Cette reprise n’a pas encore été suivie d’un rebond convaincant des métriques intimement liées à la demande ».
Tant mieux ! Une reprise haussière lente permettra de faire de belles emplettes à vil prix. En complément, ne manquez pas cet article sur la SEC qui vient de déclarer la guerre à Coinbase et aux shitcoins.
Maximisez votre expérience Cointribune avec notre programme 'Read to Earn' ! Pour chaque article que vous lisez, gagnez des points et accédez à des récompenses exclusives. Inscrivez-vous dès maintenant et commencez à cumuler des avantages.
Reporting on Bitcoin, "the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy".
Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.