Affaire Ballzy, un nouveau Crypto Gouv ?

Après le scam de Crypto Gouv, parti avec l’argent de ses investisseurs, c’est actuellement Ballzy qui fait parler de lui dans la communauté crypto française. Ballzy, de son vrai nom Kevin Julien Duarte, avait déjà été condamné pour escroquerie, blanchiment d’argent et détournement de fonds en 2014. Cela ne l’a visiblement pas dissuadé de tremper de nouveau dans des affaires plus que douteuses…

Qui est Ballzy ?

Ballzy, à l’instar de son homologue Crypto Gouv, prétend être un trader pro. Il avait déjà fait un an de prison ferme pour avoir délesté une centaine d’épargnants de 650 000 euros par le passé. Début 2019, il tentait sa chance sur le forum Bitcointalk, sans grand succès. Par la suite, sans licence de trading, il a lancé Wetrade, un fonds d’investissement qui chapeautait aussi différents projets cryptos. En 2021, son fonds a investi 500 000 euros dans une start-up « Votelab SAS » dirigée par Nicolas Brait et Christophe Camborde. (Société dont le site affiche toutes les mentions légales en vigueur ainsi que l’équipe en toute transparence). Cette start-up a émis des tokens nommés Powers. Ballzy officiait surtout sur Telegram et Discord, bannissant sans ménagement les gens qui émettaient des doutes ou posaient trop de questions.

Ballzy : victime ou complice d’une extorsion de fonds ?

Ballzy se présente comme un trader crypto pro depuis 2016 et fondateur de Wehodl.io, site enregistré en 2020. Mais surtout market maker chez FTX… Si c’est sur FTX qu’il tradait les actifs de ses clients, on imagine le drame… C’est le 22 novembre 2022, soit 11 jours après la faillite de FTX, et son piratage dans la foulée, que Ballzy passe un appel très étrange à un des cofondateurs de Votelab. Alors que les investisseurs lésés commencent à demander des comptes, Ballzy prétend avoir été enlevé et séquestré, ce qui s’avère faux. Une histoire rocambolesque racontée dans une vidéo Youtube.

Des menaces et une plainte

Quelques jours plus tard, c’est au tour d’un des associés de Votelab d’être menacé dans un bar, alors que Ballzy est présent également, prostré sur son siège. Les agresseurs veulent récupérer des fonds que Ballzy auraient volés. Une plainte est déposée et transmise à la BRB (Brigade de répression du banditisme), l’affaire est prise très au sérieux par les enquêteurs. Le dossier serait également suivi par la brigade financière.

Une dizaine de projets crypto scam

Ballzy aurait lancé une petite dizaine de projets cryptos, engloutissant les investissements de plusieurs milliers de personnes. La plupart des canaux sociaux ont été désactivés.

1. Impulse, un token créé par FDR (French Digital Reserve). Plateforme décentralisée créée, d’après cet article en lien, par Kevin-Julien Duarte. « Kévin-Julien Duarte, CEO of French Digital Management and Co-founder of Golden Roads Capital stated, « I am pleased to announce the upcoming creation of French Digital Management with the French Digital Reserve team. » Néanmoins l’origine de cette création semble controversée : il est difficile de le vérifier, le site ne donnant aucune information à ce sujet (On ne peut consulter aucun organigramme, ni aucune mentions légales, pourtant obligatoires, en France au moins). Le seul contact, à part le formulaire, est un mail : [email protected]. Un certain Gaël Falgas, sur Twitter, en serait aussi le créateur*.
2. Wetrade, qui utilise un canal Discord et et dont le compte twitter a été désactivé. 800 à 850 000 $ auraient été engloutis par FTX.
3. Nosta, un token dont le site, nostatoken.com est en maintenance. Sur le compte Telegram, on peut lire les fausses aventures de Ballzy (enlèvement, etc ..).
4. Wehodl.io, un autre de ses sites désactivés.
5. Ballzytrading dont le site, ballzycrypto.com ne comporte aucune mention légale. Ballzytrading proposait un service de copytrading.
6. Immobycrypto.com, dont l’URL, créée en 2020, renvoie automatiquement à l’un de ses comptes Twitter, « ₿allzy #NFT $Solana early investor ». C’était un projet de tokenisation immobilière.
7. Un petit mot sur Golden Roads capital dont le site, aujourd’hui inactif, se trouve toujours sur Webarchives : on ne peut manquer de noter l’humour, volontaire ou non, de Ballzy : « Co-founder & Risk-Manager. (…)Mr Duarte (…) founded his trading firm in 2011 before sucessfully selling it in 2014 (en fait Ballzy faisait un court séjour en prison pour fraude) Mr Duarte has a decades worth of experience, founding, managing and financing alternative investment funds. » Cette société, fondée en 2017 a été dissoute le 9 avril 2019 (mais le site était toujours en ligne début 2022 d’après webarchives).

La chute précipitée de Ballzy

Il est possible que la chute de FTX ait précipité celle des montages de Ballzy, néanmoins vu son passé judiciaire, on a du mal à croire à ses atermoiements sur telegram. Ballzy, dont la chaîne Youtube est toujours en ligne pour le moment, a les techniques typiques des scammers : dénoncer les autres, utiliser des termes techniques, se vanter (mais pas trop)… Son site personnel n’a aucune mention légale, pas très pro. Son vocabulaire tantôt basique et familier, parfois vulgaire, tantôt technique, s’adresse visiblement à un public jeune et inexpérimenté : appartenance à une communauté et sentiment de confiance. Le piège est refermé. Pourtant, des cryptonautes avertis avaient décrit les projets de Ballzy comme des ponzis, mais, comme toujours, ils ont été conspués. Impulse notamment : Crypto Duck 14 a par ailleurs épinglé une illustration explicite sur ce token sur son compte Twitter.

*Il y a bien une société immatriculée le 24 décembre 2019 au nom de FDR French Digital Rising, au capital social de 60 euros : cette société a un code NAF correspondant à « portails internet ». Nous recherchons toujours des informations pour mettre à jour les informations à propos de FDR. (Que nos lecteurs n’hésitent pas s’ils en ont, mais il serait plus sage certainement de laisser les enquêteurs faire leur travail).

Une plainte a été déposée et l’enquête est en cours sur cette affaire qui semble bien être une vaste escroquerie. Un formulaire a été mis en place pour mettre en lien les différentes victimes sur Warning-Trading. Un site et un groupe Telegram sont également disponibles. On regrette une nouvelle fois que les investisseurs hypnotisés n’écoutent pas les lanceurs d’alerte. Il faut tout de même souligner que les arnaques financières ne sont pas spécifiques aux cryptomonnaies, mais touchent la finance en général. À quand des formations spécifiques dans les écoles françaises ?