2025 - Triomphe du bitcoin face à l'or
L’or pourrait passer une sale année si le gouvernement américain vend vraiment une partie de son or pour créer une réserve stratégique de bitcoin.
L’or continue de briller
L’or n’a pas dit son dernier mot. Il s’est apprécié de 25 % en 2024, contre 23 % pour le S&P 500 et 120 % pour le bitcoin. Mais ne serait-ce pas un dernier baroud d’honneur ?
Malgré une année exceptionnelle, l’or continue de faire pâle figure face au bitcoin. Cet écart béant vaut pour n’importe quelle période. Le rendement annuel moyen du bitcoin fut de 77 % sur les cinq dernières années, contre 10 % pour l’or et 15 % pour la bourse américaine.
Pareil si l’on fait les comptes sur la période des cinq dernières années, avec des performances de 67 %, 13 % et 17 % respectivement.
Tout cela étant dit, rappelons que la capitalisation de marché de l’or est quasiment neuf fois supérieure à celle du bitcoin. Cette hausse de 25 % en 2024 est donc remarquable, d’autant plus que le bitcoin lui taille des croupières.
Est-ce le rebond du chat mort, ou bien sommes-nous en route pour les 8 000 $ l’once d’or ? C’est ce que prédit l’analyste Jan Nieuwenhuijs qui pointe du doigt trois grands risques :
« Les tensions géopolitiques croissantes, le surendettement et l’inflation ébranlent la confiance [dans le dollar]. Il en découle une rotation depuis les actifs financiers ayant un risque de contrepartie (les Bons du Trésor US) vers les actifs sans risque de contrepartie (l’or). »
En effet, les bons du Trésor US ont perdu 8 % l’année dernière. Le bras de fer entre l’occident et les BRICS se traduit par un désamour croissant pour la dette américaine. Et cela, alors même que les taux de la FED sont au plus haut depuis la grande crise de 2007.
Fronde contre la monnaie impériale
Jan Nieuwenhuijs estime que la politique étrangère impérialiste des États-Unis pousse nombre de banques centrales à garder de l’or en réserve plutôt que des dollars (sous forme de bons du Trésor) :
« Il est important de garder un œil sur la part de l’or dans les réserves de change internationales détenues par les banques centrales. La part de l’or dans les réserves de change est passée de 95 % en 1933 à moins de 10 % en 2015. Mais les tensions géopolitiques, la militarisation du dollar et les inquiétudes croissantes concernant la viabilité de la dette publique américaine (122 % du PIB) poussent de nombreux pays vers l’or. Selon mes estimations, la part d’or dans les réserves totales a atteint 21 % au troisième trimestre 2024. »
En effet, le « gel » des 300 milliards d’euros et de dollars appartenant à la Russie n’est pas passé inaperçu. Des pays comme l’Arabie saoudite ont fortement augmenté leurs importations d’or.
D’autres, comme la Chine, ont pris les devants depuis un certain temps déjà. Une incertitude plane autour des réserves d’or de la Chine, mais une chose est sûre, ses réserves de dollars ont fondu de moitié au cours de la dernière décennie.
Qui accumule encore de l’or ?
La récente appréciation de l’or est en bonne partie le fait de nombreuses banques centrales qui boudent le dollar. Elles craignent les foudres des États-Unis si leurs gouvernements ne s’alignent pas sur la politique étrangère américaine.
Au global, les achats d’or des banques centrales ont atteint un niveau record en 2022 (au plus haut depuis 1950) et furent presque aussi larges en 2023 ainsi qu’en 2024.
L’Inde a quintuplé ses achats en 2024. Sa banque centrale a mis la main sur 77 tonnes d’or au cours des trois premiers trimestres. La banque centrale turque n’est pas en reste avec 72 tonnes, ce qui porte sa part à 34 % de ses réserves de change.
Vient ensuite la banque centrale polonaise avec 69 tonnes. La Chine, qui s’est imposée comme le plus grand acheteur d’or ces dernières années, arrive en quatrième position avec un peu moins de 30 tonnes.
Suivent la république tchèque, le Qatar, l’Irak, Oman, la république du Kirghizstan. Mais aussi le Kazakhstan, la Hongrie, la Thaïlande, le Japon, le Brésil ou encore Singapour si l’on se penche sur les quatre dernières années.
D’après l’enquête « 2024 Central Bank Gold Reserves Survey », la majorité (70 %) des banques centrales s’attendent à de nouveaux achats nets d’or (bien que modérés) en 2025. Elles ont aussi souligné le rôle du métal précieux en tant qu’actif stratégique pour réduire les risques [de gel…].
Et le bitcoin ?
Probablement que de nombreuses nations envisagent de faire une place au bitcoin dans leurs réserves de change. Seulement, il est très difficile de s’y risquer avant que les États-Unis ne prennent l’initiative, ce qui sera sûrement bientôt le cas.
Voilà pourquoi le gouverneur de la banque de France a mis de l’eau dans son vin en déclarant que chacun est libre d’acheter des Bitcoins. En Allemagne, l’ancien ministre des Finances Lindner a esquissé deux prochaines étapes potentielles pour l’Allemagne et l’UE :
-Reprendre la discussion sur une réserve stratégique de bitcoins
-Autoriser les ETF Bitcoin dans l’UE
Les députés se réveillent aussi en Italie. « Si les États-Unis devaient créer une réserve stratégique de bitcoins, ce ne serait pas de la science-fiction que d’autres nations fassent de même. Cela dit, je ne crois pas que les conditions soient réunies pour que cela se produise en Italie en l’espace de quelques mois », a déclaré le député italien Marcello Coppo.
Aux États-Unis, onze États ont introduit des projets de loi en vue de créer une réserve de bitcoin :
Le bitcoin ne figure pas sur le premier document publié par la Maison-Blanche à propos des priorités du nouveau gouvernement américain. Néanmoins, Michael Saylor a rencontré l’ensemble du gouvernement ce dimanche. De bon augure.
Donald Trump a par ailleurs acheté pour 47 millions de dollars de bitcoins le 20 janvier, jour de son investiture. Sans oublier que la majorité des membres de son gouvernement possèdent des bitcoins. Il y a des signes qui ne trompent pas…
Troquer l’or pour le bitcoin ?
C’est le plan de la sénatrice Cynthia Lummis. Son projet de loi (Bitcoin Act) prévoit la création d’une réserve stratégique d’un million de bitcoins.
Les États-Unis possèdent actuellement 8 134 tonnes d’or. Soit l’équivalent de 530 milliards de dollars. Vendre 1/5 de cet or suffirait pour acquérir un million de bitcoins.
Pourquoi se séparer d’une réserve de valeur qui fait ses preuves depuis 4 000 ans ? Pour de nombreuses raisons :
1) Le Bitcoin est le seul actif existant en quantité finie. Il n’y aura jamais plus de 21 millions de bitcoins et 94 % sont déjà en circulation. A contrario, plus le prix de l’or monte et plus les compagnies minières sont incitées à en sortir davantage de terre.
2) Le bitcoin est une réserve de valeur en même temps qu’un réseau de paiement, deux-en-un. Tout le contraire de l’or dont les transactions sont très coûteuses, laborieuses et lentes. Sans parler des frais conversion qui varient entre 10 % et 30 % en France !
La supériorité du bitcoin est réelle. L’offre de nouveaux BTC est déjà deux fois plus faible que celle de son rival métalique (comparé à leurs stocks existants respectifs). Elle sera quatre fois plus faible en 2028. Six fois plus faible en 2032.
L’or est porté à bout de bras par les banquiers centraux. Les investisseurs privés ont pour leur part clairement choisi leur camp. C’est ce que révèle la comparaison des ETF Bitcoin aux ETF Gold. Le graphique suivant est sans appel :
Échanger l’or pour des bitcoins permettrait aussi aux États-Unis d’affaiblir la Russie et la Chine qui en ont beaucoup acheté ces deux dernières décennies. Si Washington passe à l’action, le monde entier se mettra au diapason, ce qui risque fort de faire tanguer l’or.
Dans ce scénario, l’or n’atteindra pas les 8 000 $ de si tôt. Au contraire, la capitalisation du bitcoin (~ 2000 milliards $) devrait rattraper celle de l’or (~18 000 milliards $). Ce jour-là, un seul bitcoin pèsera près d’un million de dollars.
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